Interpréter dans la grosseur du trait

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31 janvier 2020

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François-Joseph Daniel, « Interpréter dans la grosseur du trait », Revue d’anthropologie des connaissances, ID : 10.3917/rac.038.0001


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Résumé Fr En Es

Les modèles informatiques de dispersion des odeurs sont devenus depuis quelques années l’un des outils de mise en œuvre de la réglementation relative aux nuisances odorantes d’origine industrielle. Leur mobilisation récurrente dans les contextes d’implantation d’équipements polluants soulève la question de leur usage en situation de gestion de la nuisance au regard de la complexité des pratiques scientifiques, économiques et institutionnelles. Elle interroge notamment la manière dont la confiance dans les modèles se construit en situation, dont leurs utilisateurs composent avec les incertitudes et dont les résultats de la simulation informatique opèrent concrètement. Cet article montre que les usagers de ces modèles s’en servent comme des boîtes noires génératrices de représentations visuelles cartographiques visant à prédire et évaluer la nuisance. Ils sont animés par une « culture de la simulation » (Sundberg, 2010) dans laquelle les modèles sont utilisés « en surface », pour leurs résultats uniquement. Si les usages prédictifs opèrent comme des instruments performatifs, peu contestés, qui équipent les études d’impacts et font exister institutionnellement la nuisance, les usages évaluatifs sont, quant à eux, plus contrastés. La confrontation des résultats des modèles avec les ressentis expérientiels des riverains engendre un besoin de validation sur le terrain, un usage indiciel et prudent de ces simulations et une mobilisation complémentaire d’autres modes de qualification de l’environnement odorant.

Dispersion models are currently one of the major implementation tools of odorous nuisance regulation. Their recurrent mobilisation in newly established industrial facilities brings to the fore issues regarding their use in specific scientific, economic and institutional contexts. More particularly, these issues raise the following questions: how is trust developed in these models? How do users cope with the models’ inherent uncertainties? And how do the simulation results capture and impact reality. This article shows that odour dispersion models are used as black boxes to generate visual cartographical representations whose purpose is to foresee and evaluate odour nuisance. These cartographies are born of –and driven by– a “culture of simulation” (Sundberg, 2010) in which they are used only for their results. Practices differ, however, depending on the context in which the devices are used. On the one hand, when models serve to predict odour nuisance (before the facilities are set up), they operate as uncontested and performative instruments that equip impact assessments. They give life to the nuisance, make it real, from an institutional viewpoint. On the other hand, when the models are used to evaluate the nuisance, in the context of an already established and functioning facility, the discrepancies between the model results and the local residents’ experiential perceptions create a need for model validation in context. Furthermore, these discrepancies result in a more prudent use of simulations as an indication rather than a strict representation of reality, and necessitate the mobilisation of other complementary methods to qualify the odorous pollution.

En los últimos años, los modelos informáticos de dispersión atmosférica se han convertido en una de las herramientas para implementar la regulación de las molestias olfactivas de origen industrial. Su recurrente movilización en los contextos de implantación de instalaciones industriales plantea la cuestión de su uso en situaciones de molestias. En particular, cuestiona la manera en que se construye la confianza en los modelos, en que los usuarios componen con sus incertidumbres y en que las simulaciones funcionan en la práctica. Este artículo muestra que los usuarios de estos modelos los utilizan como «cajas negras» que generan representaciones visuales destinadas a predecir y evaluar las molestias. Estas representaciones cartográficas proceden de una «cultura de la simulación» (Sundberg, 2010) en la cual los modelos se utilizan «en la superficie», solo por sus resultados. Si los usos predictivos funcionan como instrumentos performativos, poco discutidos, que alimentan los estudios de impacto e institucionalizan la existencia de la molestia, los usos evaluativos son, por su parte, más controvertidos. La confrontación de los resultados de los modelos con las percepciones de los residentes locales genera una necesidad de validación en situación, y un uso cauto de estas simulaciones. También requiere una movilización complementaria de otros modos de calificación del ambiente odorífero. En este contexto, los modelos sirven come índice de las modestias al igual que los otros modos de calificación.

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