2017
Cairn
Benoît Delpont et al., « Efficacité des filières dédiées à l’Accident Vasculaire Cérébral. Moyens de mesure. Expérience en Bourgogne », Journal de gestion et d'économie médicales, ID : 10670/1.7snhf0
Introduction : L’AVC reste une maladie fréquente et grave en France (première cause de handicap, deuxième cause de déclin cognitif, troisième cause de décès) malgré des avancées thérapeutiques majeures, expliquant le rôle structurant de sa prise en charge sur le plan hospitalier et inter-hospitalier.Les filières de soins pour AVC décloisonnées permettent au patient de bénéficier d’une prise en charge optimale de son domicile juasqu’à l’Unité Neuro-Vasculaire (UNV).Les recommandations nationales ont préconisé la mise en place de filières pluridisciplinaires avec un numéro téléphonique unique (le 15), transfert par SAMU, prise en charge dans un Service d’Urgences assurant une imagerie cérébrale prioritaire puis passage en Unité Neuro-Vasculaire pour réalisation d’une fibrinolyse et/ou d’une thrombectomie.L’objectif de cette revue est de rapporter les évaluations successives en pratique courante de la filière AVC mise en place en Bourgogne depuis 2003, les réponses apportées aux attentes des patients et des tutelles, et leur transposition aux autres régions sanitaires. Méthodes : Grâce à l’outil unique en France représenté par le Registre Dijonnais des AVC, qui recense depuis 1985 les AVC des résidents de la ville de Dijon intramuros de façon prospective, spécifique et exhaustive, nous avons évalué le rôle du suivi téléphonique des patients victimes d’un AVC par une infirmière clinicienne sur l’évolution des taux de récidives et de ré-hospitalisation, l’effet de la prise en charge des AVC en UNV sur la mortalité, l’efficacité de la prévention primaire sur l’évolution des taux d’incidence, le rôle des disparités médico-sociales sur les taux d’incidence et de mortalité des AVC, l’efficacité et la sécurité apportée par la télé-fibrinolyse, et les défis organisationnels face à l’augmentation du nombre d’AVC à traiter dans les années à venir. Résultats : Il a été démontré que le suivi téléphonique par les infirmières-cliniciennes permettait de diminuer le taux de récidives et de ré-hospitalisation, l’UNV a fait disparaître la surmortalité observée le week-end, la Télé-fibrinolyse était aussi efficace et sécuritaire que la fibrinolyse effectuée dans l’UNV du CHU de Dijon, la prévention primaire permettait un allongement de l’espérance de vie sans AVC, l’incidence et la mortalité par AVC à trois mois étaient plus élevées dans la population à bas revenu, et le nombre d’AVC allait être multiplié par 1.4 dans les dix ans à venir. Conclusion : L’organisation de filières AVC a un coût humain et logistique qui restera à identifier, mais leur efficacité en pratique courante, sur le plan de la prévention et de la prise en charge aiguë est réelle.Les méthodes déployées en Bourgogne, et qui ont démontré leur efficacité, sont sans doute applicables dans les autres régions qui doivent planifier la prise en charge des AVC dès la phase aiguë jusqu’à la phase chronique.