2 décembre 2022
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Patrice Ballester, « Mœbius, un imaginaire écologique ? Des Maîtres du temps, en passant par le Monde d'Edena, à Nausicaä de la Vallée du Vent 風の谷のナウシカ », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.7srtod
Mœbius, écologiste ? Mœbius - Jean Giraud : un artiste devenu une référence mondiale, un modèle et une source d’inspiration pour les artistes contemporains, un écologiste par le paysage et la pensée souveraine, souvent inédite, ésotérique parfois. Jean Giraud, alias Mœbius ou encore Gir, est un auteur et dessinateur majeur de la bande dessinée, ceci à l’échelle mondiale. Né en 1938 à Nogent-sur-Marne, il entre aux Arts Appliqués à Paris en 1954. En 1963, il crée avec Jean-Michel Charlier – à l’époque directeur de la revue Pilote – la série Blueberry, qu’il poursuit après sa disparition et qui compte aujourd’hui une trentaine d’albums, sans compter un nombre équivalent d’œuvres réalisées en collaboration avec d’autres artistes, scénaristes et dessinateurs. Parallèlement sous la signature de MŒBIUS, il inaugure dès 1962 une nouvelle source d’inspiration tournée vers l’humour, le fantastique et la science-fiction. Il est aussi l’auteur de nombreuses illustrations, peintures et travaux publicitaires. Cofondateur en 1975 de la revue Métal Hurlant et de la maison d’édition Les Humanoïdes Associés, Jean Giraud y développe un style unique signé Mœbius. Il révolutionne l’aspect créatif de la bande dessinée sur un scénario d’Alejandro Jodorowsky, il entame ensuite le récit des aventures de John Difool dans L’Incal (1980), série dont le succès le place parmi les dessinateurs les plus innovants en matière de science-fiction. Il débute aussi la série Le Monde d’Edena dans les années 1980, aux propos et réflexions plus personnelles. Il collabore pour le cinéma, ses dessins retiennent l’attention de grands réalisateurs avec Alien de Ridley Scott (costumes), Blade Runner, Les Maîtres du temps de René Laloux (story-board complet), Tron de Steven Lisberger (costumes), Abyss de James Cameron (créatures sous-marines), Willow de George Lucas & Ron Howard. Il incorpore l’Équipe d’Alejandro Jodorowsky pour le film Dune et son célèbre story-board qui reste encore non publié. Il collabore aussi avec Marvel Comics en dessinant un album avec Stan Lee (Galactus et le Silver Surfer). À partir des années 2000, c’est le temps des grandes expositions et d’une reconnaissance internationale, Japon, Amérique… L’exposition Mœbius – Myazaki (2004 – 2005) est une révélation et confirmation pour les deux artistes concernant leur influence mutuelle. Une grande exposition lui est consacrée à la Fondation Cartier à Paris, intitulée MŒBIUS-TRANSE-FORME d’octobre 2010 à mars 2011. Il décède à Paris, le 10 mars 2012. Nous abordons notre réflexion sur cet auteur majeur de la BD mondiale à travers quatre étapes : la Déviation – un tournant majeur pour l’auteur et sa façon de décrire, de dessiner et de décomposer ses histoires. Des engagements comme Greenpeace sont présents dans sa façon de concevoir le monde. Nous analysons aussi l’œuvre la plus personnelle de l’artiste avec « Le monde d’Edena », une réflexion poétique et écologique. Enfin, dans un essai, nous montrons les liens importants entre deux œuvres cinématographiques d’animation, « Les Maîtres du Temps » de Renée Laloux et Mœbius en (1981) et « Nausicaä de la Vallée du Vent Nausicaä de la Vallée du Vent 風の谷のナウシカ» (1984) au plan formel et scénaristique (et Arzach en additif). Le parcours de l’auteur de BD de science-fiction est une quête pour rentrer dans un processus d’amélioration de son être, des hommes et par dérivé de la Planète. L’écologie n’est pas traitée comme lame de fond ou un impératif de sauvegarde de la planète dans ces albums, mais en tant que citoyen celui ce questionne, le nucléaire, les pollutions et les scandales en France dans les années 1970 et parfois le soutien à des ONG comme Greenpeace. On retrouve très souvent de beaux paysages et une ode de l’importance de la nature face à la technologie. Le Wilderness ou la nature sauvage est un élément qui ressort dans le Monde d’Edena, les évolutions du paysage sont multiples. En guise d’ouverture, il reste des éléments à mettre en lumière comme le soin apporté aux fleurs et les véhicules de toute sorte que se déplacent avec un mode de locomotion que l’on pourrait qualifier d’écologique, Mœbius appréciant dessiner les vaisseaux, voitures et autres moyens de locomotion. En somme, un artiste protéiforme, visionnaire et aux univers polymorphes et anticipateurs.