Le disease mongering à l’heure de la médecine « personnalisée »

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Les pratiques visant à étendre artificiellement le domaine de la maladie ont atteint aujourd’hui une ampleur industrielle, au point de constituer un problème majeur de santé publique. Après un rappel des phases artisanales de ses débuts, nous tenterons de montrer comment le nouveau disease mongering est passé du blockbuster au « nichebuster », de l’élargissement à la segmentation du marché des maladies. Le disease mongering s’appuie désormais sur des innovations statistiques et réglementaires, et permet de mettre sur le marché de plus en plus de produits dits « innovants » extrêmement coûteux, sans avoir à apporter la preuve scientifique de leur efficacité ou leur efficience. Sous couvert de vocables séduisants, la médecine 4P (prédictive, préventive, personnalisée, de précision) monopolise des ressources croissantes, au détriment d’interventions à impact plus favorable sur la santé publique, et à meilleur niveau de preuve.

Disease mongering at a time of “personalized” medicinePractices designed to artificially extend the field of disease have now reached an industrial scale, to the point of becoming a major public health issue. After a reminder of the artisanal phases which prevailed initially, we will try to show how the new “disease mongering” has shifted from being a blockbuster to a “nichebuster”, through the increasing segmentation of the disease market. “Disease mongering” is now based on statistical and regulatory innovations, and enables the marketing of increasing numbers of so-called “innovative” and extremely costly products, without having provided scientific proof of their efficacy or efficiency. Under the cover of attractive terminology, P4 medicine (predictive, preventive, personalized, participatory) is monopolizing more and more resources, to the detriment of interventions with a more favorable impact on public health and a higher level of proof.