L'objet livre dans l’album de jeunesse : une étude de la matérialité du livre dans l’oeuvre de Claude Ponti

Résumé 0

J’ai appris à lire à l’âge de cinq ans. Mes parents n’étaient pas des lecteurs enthousiastes et dans ma formation scolaire la lecture n’était pas au coeur de mes apprentissages, mais j’ai trouvé qu’arriver à déchiffrer les symboles écrits et visuels dans les livres faisait partie des défis importants pour moi, sans savoir exactement pourquoi, comme si secrètement cet acte pourrait m’ouvrir la porte vers quelque chose de fondamental. Le premier livre que j’ai lu de façon autonome s’intitule Tortuguita se perdió1 (La petite tortue est perdue), une narration sur une petite tortue de mer qui doit aller en direction de l’océan comme toutes ses soeurs au moment de leur naissance, mais qui finit par aller vers le chemin opposé, en direction de la forêt ; dans son trajet, elle rencontrera des amis grâce à qui pourra finalement arriver à la mer et rejoindre ainsi sa famille. Je me souviens d’avoir lu ce livre en une heure, de penser que c’était une vraie réussite de l’avoir fait, de raconter ce petit succès à ma mère et d’être fière de moi-même pour savoir que je pourrais accéder à d’autres histoires. Justement, je cherchais dans les illustrations et le texte de mon livre la capacité simple mais puissante de comprendre ce qui était raconté, de pouvoir construire mes propres images sur les aventures de la petite tortue. Avoir réussi à trouver ces vertus dans la lecture m’a laissé un souvenir très net de cette première expérience, et de la joie que lire représentait pour moi.