5 juin 2014
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Brigitte Gilardet, « François Mathey et les collectionneurs.: Une exposition emblématique, " Ils collectionnent " au musée des Arts décoratifs, Paris, 1974 », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.7vol63
En 1974, le conservateur en chef du musée des Arts décoratifs, François Mathey (1917-1993) organise une exposition collective intitulée " Ils collectionnent ". Considérée à l'époque comme une exposition " sociologique " inédite, elle suscite l'intérêt et pose plusieurs questions : quelles sont les fonctions sociales de la collection ? Pourquoi crée-t-on une collection ? Que révèle la collection de l'identité de son auteur ? Quels objets collectionnent-on et pourquoi ? Dès lors que les objets de la collection évoluent et que de nouveaux collectibles apparaissent, quelles en sont les implications esthétiques ? François Mathey a depuis longtemps exposé des collections privées dans son musée : en 1958, celles des mécènes collectionneurs de Franche-Comté, données et rassemblées (depuis 1694) au musée de Besançon, la collection privée américaine de Solomon R. Guggenheim, puis en 1967, la collection d'art brut de Dubuffet. Il a exposé également très tôt des créations qui n'étaient pas encore légitimes au musée : la photographie dès 1955, la science-fiction, la bande dessinée, l'art populaire, l'art brut dès 1967, etc. C'est en montrant en 1974 dans son musée 80 collections privées que François Mathey illustre l'évolution du goût et de la société des années 1970. Il a également pour objectif de mettre en avant, de dévoiler la collection-création, qui fait œuvre d'art, que l'on montre et que l'on cache : il invite à cette fin de futures artistes célèbres comme Annette Messager. " Enfin ", écrit-il en novembre 1973, " je vais réaliser un vieux rêve [...] offrir au grand public la révélation de ces collections secrètes, inavouées, insoupçonnées qui sont le résultat d'une longue constance amoureuse, d'une recherche patiente et en marge des réputations, des courants de la spéculation et des conventions de la mode et des goûts. Démontrer qu'il n'y a pas de hiérarchie des genres, que l'art est partout, fragile et qu'il se cache là où on ne l'attend guère ".