2020
Cairn
Élise Esnaud et al., « La maladie du greffon contre l’hôte digestive : ce que le gastro-entérologue doit savoir », Hépato-Gastro & Oncologie Digestive, ID : 10670/1.7wtpbe
La maladie du greffon contre l’hôte (GVH pour Graft Versus Host disease) aiguë digestive est une complication fréquente et grave de la greffe de moelle hématopoïétique allogénique. Elle survient habituellement dans les 100 jours après la greffe et se traduit le plus souvent par une diarrhée, parfois associée à des douleurs abdominales et à une altération de l’état général. Les facteurs de risque les plus importants sont un donneur non apparenté et une incompatibilité HLA entre donneur et receveur. La physiopathologie du développement d’une GVH aiguë peut être décrite en trois étapes au cours desquelles la muqueuse digestive et le microbiote intestinal jouent un rôle important : d’abord l’activation des cellules présentatrices d’antigène du receveur puis l’activation des lymphocytes T du donneur et leur migration et enfin la destruction du tissu cible de l’hôte. Le diagnostic de GVH digestive repose sur un faisceau d’arguments, avant tout cliniques, et est un diagnostic d’élimination. Cependant, les explorations digestives constituent une aide diagnostique importante. Il conviendra ainsi de réaliser une rectosigmoïdoscopie avec biopsies étagées en première intention devant une diarrhée bien que l’endoscopie digestive haute avec biopsies duodénales ait également une bonne rentabilité diagnostique. Néanmoins, les signes endoscopiques et histologiques, à l’instar des signes cliniques, sont aspécifiques. Les principaux diagnostics différentiels sont les causes médicamenteuses, en particulier la toxicité des drogues utilisées pour le conditionnement pré greffe, les causes infectieuses (CMV, Clostridioides difficile…) et la colite neutropénique. Son traitement préventif repose sur des traitements immunosuppresseurs ou immunomodulateurs. Son traitement curatif de première ligne est une corticothérapie systémique à fortes doses. En cas d’échec des corticoïdes, des traitements de seconde intention, bien connus du gastro-entérologue, comme les anti-TNF, les anti-intégrines, la transplantation de microbiote fécal, pourront être utilisés.