2008
Cairn
Didier Robin, « Misogynie et initiation, meurtre symbolique de la mère et adolescence », Le Coq-héron, ID : 10670/1.7x8mi1
Dans nos sociétés contemporaines – depuis notamment l’abandon du service militaire – il n’y a plus de rituel standard pour marquer le passage de l’enfance à l’âge adulte. Parallèlement, jeunes hommes et femmes disposent dans leurs rencontres d’un degré de liberté nouveau. Il n’en reste pas moins que, du côté des hommes, pouvoir aimer une femme, pouvoir ne pas être misogyne, suppose toujours être psychiquement séparé de sa mère.C’est cet enjeu structurel que nous décrivent les mythes grecs. Le philosophe Jean-Joseph Goux nous aide à y repérer l’importance du matricide là où Freud avait mis l’accent sur le parricide.Le paradoxe hypermoderne va être illustré par une vignette clinique, l’histoire de David. Si beaucoup de jeunes hommes sont plus libres que jamais de pouvoir choisir une femme, il n’est pas si simple pour eux de quitter leurs mères ; avec toutes les conséquences symptomatiques que cela peut avoir. Ce genre d’écartèlement peut s’avérer mortellement dangereux. Sans tomber dans la simplification, il faut quand même relever que notre époque est caractérisée par une autre nouveauté. Pour les hommes entre 25 et 35 ans, c’est le suicide qui s’affirme comme première cause de mortalité. Ce n’est sans doute pas sans rapport avec un contexte social où il est difficile de donner au parricide, mais aussi au matricide, une dimension symbolique.