De la curiosité à l’évitement : l’adaptation des instances françaises de l’athlétisme face à la domination du Kenya en course de fond

Résumé Fr En

Les coureurs kényans dominent les courses internationales sur route les plus prestigieuses, y compris les évènements français. Certains se licencient dans des clubs hexagonaux et quelques-uns ont porté le maillot de l’équipe de France après avoir été naturalisés. Le propos de cet article est de questionner, à travers l’analyse d’archives de presse, ces relations entre le Kenya et la France qui, bien que similaires à celles entretenues avec le Maroc notamment, se sont constituées après la période coloniale. Nous avons mis en évidence les étapes de la construction des relations athlétiques franco-kényanes depuis 1960, allant d’un sentiment de curiosité à l’égard des coureurs kényans à leur mise à distance institutionnelle lorsqu’ils sont devenus inaccessibles pour les Européens. Cette mise à distance, associée à l’émergence des agents sportifs et des organisateurs de courses, a finalement entrainé des fragilités issues d’une interdépendance entre les acteurs de l’athlétisme français et les athlètes kényans.

Kenyan runners win the main international races, including the French events. Some of them join French clubs and some ran for the French team after having been naturalized. The purpose of this article is to question, through the analysis of press archives, the creation of such relationships between Kenya and France, which although similar to those maintained with Morocco in particular, were established after the colonial period. We brought to light the stages in the construction of Franco-Kenyan athletic relationships since 1960, ranging for a sense of curiosity about Kenyan runners to their avoidance when they became inaccessible to the European. This avoidance, combined with the emergence of sports agents and race organisers, has finally led to weaknesses stemming from an interdependence between French athletics players and Kenyan athletes.