7 juin 2021
Angèle Ferrere, « Esthétique de la photographie de chantier », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.7znu4f
Depuis l’invention du procédé photographique, le chantier s’est imposé comme unde ses sujets de prédilection. Au-delà de ses valeurs d’usages, la photographie de chantierrépond aujourd’hui d’une démarche esthétique pour nombreux photographes, s’inscrivantplus largement dans une actualité de la création contemporaine autour de la thématique duchantier, les artistes y voyant une métaphore du processus créatif, voire d’un état du monde.Quels enjeux spécifiques pose le médium photographique à l’autonomisation esthétique duchantier ? À partir d’une étude centrée principalement sur les photographies de chantiers deDeidi von Schaewen, Stéphane Couturier et Alain Bublex, cette thèse interroge le chantiercomme sujet et comme poïétique du photographique, ouvrant sur une approche matérialistequi trouve ses fondements dans le contexte de la modernité industrielle.Parce ce qu’il interroge la construction/déconstruction du monde qui nous entoure,le chantier devient un concept fluctuant qui, selon le point de vue adopté, révèle différentsregards photographiques sur le monde en mutation, entre élan moderniste et regardentropique. Plusieurs photographes contemporains jouent de cette tension dialectique àtravers une esthétique de l’entre-deux. En outre, les photographies de chantiers prises endivers endroits de la planète témoignent d’une activité productive à échelle globale, où lareprésentation de l’ouvrier, et plus largement de l’humain, doit être interrogée, posant desenjeux éthique et politique à cette recherche. Enfin, il est aussi question de la photographiede chantier comme poïétique de l’Histoire, de sa mise en récit à la représentation fictionnellede mondes possibles.