2013
HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société - notices sans texte intégral
Alexandre Seurat et al., « Démocratie et totalitarisme au prisme du quotidien. La symphonie du loup, de Marius Daniel Popescu », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société - notices sans texte intégral, ID : 10670/1.802e42...
Le premier roman de Marius-Daniel Popescu La symphonie du loup, prix Robert Walser 2008, est apparu comme une exception dans le paysage de la littérature française contemporaine quand il a été publié en 2007 chez José Corti. Écrit par un poète roumain vivant en Suisse, il raconte, selon une structure alternée, d’un côté les difficultés rencontrées par le narrateur dans sa vie quotidienne sous le régime du “parti unique”, de l’autre son quotidien actuel de père de famille en démocratie. On pourrait lire le roman comme une illustration de “l’anthropologie démocratique” que certains ont associée au roman moderne : le “loup” assoiffé de liberté trouverait finalement la paix dans un pays qui lui permet de vivre en conformité avec ses aspirations démocratiques. Mais la mise en évidence des conséquences du totalitarisme sur la vie quotidienne jette en fait une lueur troublante sur nos démocraties libérales; et le narrateur, colleur d’affiches, applique la même critique au langage publicitaire qu’au langage du “parti unique”. Sans faire de la démocratie libérale le reflet du totalitarisme, le roman illustre donc peut-être une autre dimension de la fonction “démocratique” de la fiction, qui est, selon Jacques Rancière, de rompre tout type de consensus en réintroduisant du “dissensus”, sans se conformer à une anthropologie stable. Dans un contexte historique de perte des espoirs de révolution, l’approche critique du roman de Popescu peut être comparée à celle d’autres romans français, comme ceux de François Bon ou d’Olivier Rolin, qui décrivent, du point de vue de l’Ouest, le désenchantement idéologique.