« À armes notables et invasibles. » Qu'est-ce qu'être armé dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge ?

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2014

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Romain Wenz, « « À armes notables et invasibles. » Qu'est-ce qu'être armé dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge ? », Revue historique, ID : 10670/1.80ec1b...


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Résumé En Fr

What is considered as “being armed” in France in the high middle ages ? The king starts forbade to “carry weapons” in the mid-13th century, so as to condemn feudal wars. This implies to define accurately what is considered as “being armed”. While weapon carrying is absolutely and globally forbidden since 1265 in theory, the king’s men do have to judge in practice, and in 1311 the Parliament defines the category of “armes notables et invasibles” (“remarkable and offensive weapons”), which are unusual and suitable for a deliberate attack.Weapons which are usually carried on a belt, such as swords and knives, are not forbidden, and can even be the mark of a high social level, which will be outlined when asking for the king’s forgiveness. For all other weapons, specific licenses are required : licenses are issued by the king since 1265, for individuals such as nobles who are threatened, and merchants on travel. The knowledge and use of these licenses is an indicator of the reality of the weapon prohibition. The king needs to manage with two opposite needs : firstly, giving the population an incentive to keep arms so as to defend the kingdom, and secondly, making the roads safe by forbidding weapon carrying. By giving orders to his men who collect tolls on merchants (baillis des péages), the king gives precise instructions on the forbidden items. At the turn of the 14th-15th centuries, the king’s men stop taking the “armed group” into account as a proof of an illegal case of “weapon carrying”, and start referring to a category of “prohibited weapons”. The list of “prohibited weapons” includes arms that are designed for war, sets of armour, protecting gear, pole arms and ranged weapons. Only the king’s men are allowed to carry them, with a monopoly on military equipment, which is explicitly written in a 1487 act.The “armes notables et invasibles” described in the 14th century become “prohibited weapons”. This legal term sets a limit for what is accepted by law, and by the society. The “prohibited weapons” are a “missing link” between a situation where the king used to condemn wars between lords after armed fights, and the modern vision of an unarmed society where handling war weapons is a state monopoly.

Qu’est-ce qu’être armé dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge ? L’interdiction faite par le roi de « porter les armes » à partir du milieu du XIIIe siècle dans le contexte de l’encadrement des guerres seigneuriales permet d’observer avec précision ce que l’on considère comme « être armé ». À partir d’une interdiction générale et absolue reposant en pratique sur le discernement des gens du roi vers 1265, le Parlement établit, à partir de 1311, la catégorie précise des « armes notables et invasibles » qui sont inhabituelles et servent à attaquer. L’arme portée à la ceinture par habitude, comme le couteau et l’épée, sans préméditation de combat, ne fait pas l’objet d’incriminations et est plutôt un atout pour demander une rémission. Toutes les autres armes font l’objet de permis nominatifs attestés dès 1265, qui sont accordés tant à des nobles menacés qu’à des marchands en voyage, et dont la diffusion participe à la connaissance de l’interdiction. La législation royale doit concilier deux tendances contradictoires : d’une part, le besoin d’encourager la population à détenir des armes pour défendre le royaume et, d’autre part, la volonté d’assurer la pacification des chemins royaux. Les ordres donnés aux baillis de péages permettent de connaître avec précision la portée de l’interdiction : au tournant des xive- xve siècles, l’habitude prise par les gens du roi de prendre en compte le « groupe armé » pour définir l’incrimination de « port d’armes » cède la place à une définition jurisprudentielle d’un type d’« armes prohibées » : un ensemble précis d’armes utilisées à la guerre, incluant les pièces d’armure et éléments de protection, les armes d’hast et de trait. Le port en est alors réservé aux gens du roi, chargés d’un monopole des matériels de guerre, qui est explicitement formulé en 1487.Les « armes notables et invasibles » du xive siècle deviennent des « armes prohibées », qui sont la qualification juridique d’une rupture des pratiques sociales. Ce nouvel objet juridique de l’« arme prohibée » est le chaînon manquant entre la condamnation des faits après coup par les ordonnances sur les guerres seigneuriales, et la vision moderne d’une société désarmée, laissant au pouvoir central le monopole des armes de guerre.

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