14 avril 2025
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Ismaïl El JABRI, « « Le Jardin de l’Élysée : enclave féminine dans un domaine masculin (La Nouvelle Héloïse, partie IV, lettre XI) » », Fédérer Langues, Altérité, Marginalités, Médias, Éthique, ID : 10.25965/flamme.1582
Dans la lettre XI du livre IV (Rousseau, 1964, p. 470-488), Julie fait visiter son jardin. Deux hommes sont présents : Saint-Preux (l’amant qu’elle n’a jamais pu épouser) et M. de Wolmar (le mari que son père lui a imposé). Malgré l’étrangeté de ce triumvirat, l’atmosphère est onirique et les personnages semblent heureux. Le rapport de force reste toutefois évident : le domaine de Clarens, qui contient le Jardin de l’Élysée, est tenu par Wolmar. L’autorité, pour ne pas dire le pouvoir, est donc entre ses mains. Il est alors difficile pour Julie de s’approprier l’environnement naturel du jardin et d’en faire un espace de liberté. Au contraire, dans le jardin se produisent des discours de pouvoir qui nous interrogent. L’analyse du discours de Julie (dont la joie apparente dissimule mauvaise foi et résignation) ainsi que celui de Saint-Preux (qui vient fétichiser Julie comme une sorte d’incarnation poétique de la nature, et non pas comme la maîtresse d’un lieu qu’elle administre) justifiera la nécessité de lire cette lettre à deux niveaux : celui apparent (discours de la dominée) et l’autre structural (influence panoptique de Wolmar).