23 mai 2023
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Virginie Iché, « The Pragmatics of Disagreement on Screen: Faulty Interactions? Yasmina Reza and Roman Polanski's 2011 Carnage as a Case Study », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/esa.5370
Les conversations naturelles sont généralement décrites comme étant des activités collaboratives. Selon le principe coopératif de Grice, chaque locuteur participe à la conversation selon « l’objectif ou la direction acceptés de l’échange de paroles » (26, je traduis). Cependant, coopérer a souvent été compris à tort comme signifiant « être bienveillant envers son interlocuteur » (Jobert 2010) — d’où la nécessité, peut-être, de parler de coordination plutôt que de coopération. Penser les échanges conversationnels en termes de coordination ne signifie pas pour autant qu’ils doivent être idéalement iréniques. Les conversations, autant d’« actions conjointes » (Clark 1996) dans lesquelles les coparticipants travaillent ensemble à l’élaboration d’un terrain commun, peuvent tout à fait comporter l’expression de points de vue opposés.Cela dit, l’expression du désaccord au sein de conversations naturelles est souvent considérée comme potentiellement préjudiciable aux relations entre locuteurs, qu'elle soit intrinsèquement menaçante pour sa « face » (Brown et Levinson 1987) ou fondamentalement impolie (Leech 1983). Dans cet article, Carnage de Reza et Polanski (2011) est pris comme étude de cas pour analyser la pragmatique du désaccord à l’écran. Le film repose en effet sur des échanges portant sur la cause possible d’une bagarre ayant éclaté entre deux enfants et les suites à y donner. Les désaccords sont de plus en plus prégnants, au point que le conflit émerge, ce qui amène à se poser les questions suivantes : l’expression du désaccord est-elle le signe d’interactions défectueuses, qui mettent nécessairement en péril les rapports interpersonnels (Spencer-Oatey 2005, 2005) ? Les parties en désaccord ne coopèrent-elles plus ou ne participent-elles plus aux « actions conjointes » que sont les conversations ? Quel type de gestion du rapport avec le public est impliqué par ces désaccords à l’écran ?