14 février 2020
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Horrein, « Panopticons, fictions, actualités : sémiotique de la surveillance, entre littérature et discours social », Octaviana, ID : 10670/1.8250ec...
Notre travail propose de nouveaux outils pour comprendre la surveillance qui nous affecte aujourd’hui, et ce à partir de sa mise en scène dans les utopies et dystopies. L’analyse des régimes politiques qui y sont décrits permet de constater l’omniprésence de la surveillance en leur sein. Elle s’y manifeste de manière extrêmement diverse, et aucun des nombreux modèles issus des sciences sociales ne permet d’en rendre compte exhaustivement. Pour comprendre cette hétérogénéité, nous proposons un outil théorique englobant, fondé sur le panopticon tel qu’envisagé par M. Foucault, en intégrant et en dépassant les critiques dont il a fait l’objet. Nos panopticons contemporains ne doivent pas être appréhendés comme des bâtiments à l’architecture singulière mais, plus abstraitement, comme les relations que nous dirons « panoptiques » en raison de leur structure asymétrique qui crée, pour le surveillé, une incertitude quant à l’effectivité du « regard » porté sur lui par le surveillant. Qu’il soit vu ou non, il ne peut le vérifier. Il intériorise le surveillant et agit en fonction d’un simulacre, lié à la fiction du « croire être vu ». Nous explorons les conséquences sémiotiques de cette fiction, la manière dont la surveillance peut conditionner une forme de vie, mais, aussi, la manière dont le surveillé peut choisir de résister, de disparaître pour créer d’autres manières d’habiter le monde. Cette recherche littéraire se veut elle-même une forme de lutte et, dans cet esprit, au cours d’« essais de sémiotique littéraire du social », nous tirons de nos analyses des œuvres les moyens de porter un regard critique décalé sur des événements socio politiques contemporains.