2025
Cairn
Jan Horst Keppler, « The Market, The Firm and The Unconscious », Marché et organisations, ID : 10670/1.82aa67...
Cet article explore la manière dont les forces libidinales inconscientes imprègnent à la fois l’échange marchand et le fonctionnement interne des entreprises, remettant en question la conception conventionnelle de l’économie comme un domaine de pure rationalité. S’appuyant principalement sur la psychanalyse lacanienne, tout en prenant en compte les contributions de Smith, Freud et Lévi-Strauss, il est avancé que l’échange économique – à l’instar du langage – comporte un surplus irréductible de signification, généré par un excès d’énergie libidinale non absorbée. Dans l’échange marchand, l’identification mimétique transforme les marchandises en signifiants fétichisés qui attirent un excès de libido et génèrent un surplus de jouissance (plus-de-jouir) pouvant être converti en surplus monétisable. À l’intérieur de l’entreprise, les énergies inconscientes façonnent les hiérarchies, la concurrence et la production symbolique dans l’interaction sociale entre investisseurs capitalistes, entrepreneurs, dirigeants, travailleurs, publicitaires et commerçants. Les « quatre discours » de Lacan – structures inconscientes paradigmatiques articulant autorité, rationalité, subjectivité et énergie libidinale – constituent des prismes analytiques particulièrement utiles pour examiner les constellations typiques de la vie d’entreprise entre gestion rationnelle et investissements psychiques inconscients. L’intégration des apports psychanalytiques à la théorie économique et à la gouvernance des entreprises permet ainsi de mieux comprendre les dynamiques libidinales à l’œuvre et de contribuer à la création de lieux de travail plus sains, plus désirables et plus productifs.