2024
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Gary Manchec German, « Diglossie et standardisation dans l'Angleterre du xie au xve siècle. Regard croisé avec la Bretagne », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/12yd7
La conquête normande de l'Angleterre (1066) a altéré en profondeur et de façon permanente non seulement l’ordre social de l’Angleterre mais aussi de la langue anglaise. Une relation diglossique en résulte, le français anglo-normand devenant ainsi la langue des classes dirigeantes tandis que le latin demeure la langue du clergé. Jusqu’au début du XIVe siècle, l’anglais est relégué à celle des marchands et de la paysannerie.À partir du Xe siècle, mais dans un cadre sociohistorique et géopolitique radicalement différent, la noblesse bretonne adopte progressivement le français. Dans les deux cas, le breton et l’anglais empruntent massivement du français et du latin. Ces emprunts lexicaux sont souvent les mêmes dans les deux langues. Cette source reste un outil comparatif largement inexploité pour les lexicographes des trois langues. Dans le cas de l’anglais, ce vocabulaire d’origine française et latine est toujours ressenti viscéralement par les locuteurs natifs comme étant plus sophistiqué et intellectuellement supérieur à celui du vieux fonds anglo-saxon. Il s’agit donc d’une forme de diglossie interne à l’anglais qui perdure depuis 956 ans. Une situation similaire a existé en Bretagne tout au long de la période du moyen-breton.Dans cet article, je retrace la manière dont la langue anglaise, au cours du XIVe siècle, sert de symbole d’une nouvelle identité nationale à la fois religieuse, populaire, et ethnique. C’est également pendant ce siècle que la noblesse anglo-normande abandonne le français créant ainsi les conditions qui contribuent à la naissance d’une langue standard à partir du XVe siècle.