29 juin 2021
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Sylvie Pouteau, « A corps ouvert, de la plasticité végétale à l'espace plasticien », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.8371ba...
La notion de plasticité s’applique largement à des entités de nature hétérogène. L’argument développé est que les plantes en sont à la fois la catégorie la plus emblématique, la plus ostensiblement exposée à nos regards, et la plus problématique. Ceci tient au fait qu’elles sont des entités non conventionnelles dont la caractéristique est d’être prolifère. Ce sont des « êtres ouverts » qui ne satisfont pas la définition d’un topos par une limite immobile immédiate. Les plantes en continuel développement n’ont ni dedans ni dehors et sont ainsi « attachées » à l’espace dans lequel elles s’édifient en se matérialisant peu à peu. Le statut même de l’espace ordinaire, l’espace vécu, demande ainsi à être repensé puisqu’il apparaît comme étant co-gestatif, et non un simple contenant distinct de son contenu. La plasticité des plantes ne peut être tenue séparée des propriétés topologiques et des activités plasticiennes de l’espace, lui-même participant au geste prolifère. Au déplacement cinétique local des entités conventionnelles dotées d’un limite topologique immobile répond le mouvement morphique des plantes dont la limite se déplace constamment avec, et non dans, l’espace plasticien. Cette réflexion vise à rendre compte de l’expérience esthétique à laquelle l’ouverture ontologique des plantes nous expose de façon évidente, et cependant impensée car elle échappe à nos catégories conceptuelles façonnées par des normes topologiques. Par l’entremise de l’art, des directions possibles sont proposées pour saisir simultanément la plante et l’espace comme horizon perceptif et paradigmatique, en particulier dans l’œuvre du peintre Alexandre Hollan.