Entre roi et comte de Champagne : les évêques de Meaux et la réforme ecclésiastique (XIIe-XIIIe s.)

Résumé Fr

Le diocèse de Meaux a pour caractéristique d’être un territoire partagé entre le domaine royal (qui couvre à peu près 40 % du territoire, à l’ouest) et le comté de Champagne et de Brie (qui englobe les 60 % restant, à l’est). Nous évoquerons donc dans une première partie les liens entre les évêques et les deux princes (roi et comte de Champagne) aux XIIe-XIIIe siècle, avec la baisse d’influence du comte sur les nominations et l’alternance au XIIIe siècle entre alliés du comte et du roi sur le siège épiscopal, et une rivalité pour le contrôle du territoire qui se joue surtout entre l’évêque et le comte. Dans un second temps, nous verrons que l’affirmation du pouvoir hiérarchique de l'évêque sur les monastères est au cœur de la réforme épiscopale et que, si dans ces affaires le comte est un grand absent, la proximité ou non des évêques avec le roi a pu jouer un rôle sur leur action. Enfin nous traiterons dans un troisième temps de la réorganisation de la géographie et de l’encadrement ecclésiastique (réseau paroissial, fondation de nouveaux établissements, cas spécifique des établissements hospitaliers dont le contrôle est disputé entre le comte et l’évêque). Pour conclure sur le fait que, de manière générale, l’intervention du roi ou du comte dans les actions réformatrices au sein du diocèse de Meaux aux XIIe-XIIIe siècle a été relativement limitée, sans doute parce que ce territoire ne se trouvait pas au cœur de leur zone d’influence, et que cette situation a sans doute contribué à permettre aux évêques – qui ne disposent par ailleurs que d’un très petit temporel et ne sont donc pas des seigneurs puissants – d’établir solidement leur autorité sur un réseau ecclésiastique qu’ils ont largement contribué à réformer et transformer.