Crues paroxystiques du bassin de la Seine depuis 1780. A propos de la prééminence de la crue de janvier 1910 et des crues du 20e siècle comme aléas de référence et des périodes d’hiver pour la survenue des grandes crues

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2012

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Frédéric Gache, « Crues paroxystiques du bassin de la Seine depuis 1780. A propos de la prééminence de la crue de janvier 1910 et des crues du 20e siècle comme aléas de référence et des périodes d’hiver pour la survenue des grandes crues », Journées de l'hydraulique (documents), ID : 10670/1.847984...


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En 1996, dans le but d’apporter aux acteurs du bassin de la Seine un aléa de référence, l’Agence de l’Eau Seine Normandie a commandé un atlas des plus hautes eaux connues (PHEC). Ce document ambitieux a été réalisé par deux grands bureaux d’études. Il comprend des cartes papiers au 1/ 25000ème sur l’ensemble des axes du bassin et dont les références sont la crue de janvier 1910 et d’autres du 20ème siècle, notamment janvier 1924 ou 1955. Des sources de la Seine jusqu’à l’embouchure du Havre la prééminence de ces crues qui prévalait déjà depuis 1910 a été à nouveau entretenue depuis lors. La crue de janvier 1910, dont le retour d’expérience a engendré les premiers films sur une catastrophe de ce type, ainsi que plusieurs milliers de pages de documents officiels, a servi et sert toujours de référence pour l’établissement de nombreuses cartes d’aléas des PPRI et demeure aussi dans l’imaginaire commun comme une sorte de Léviathan moderne dont il faut garder le souvenir. Tout d’abord, il convient bien entendu de ne pas minimiser l’importance de cette crue exceptionnelle, car elle a frappé l’agglomération parisienne et l’ensemble du bassin et constitue toujours une référence sur certains axes, notamment l’Yonne moyenne et aval, le Loing et la Seine à l’aval de Melun jusqu’à l’aval de la région parisienne. Cependant, il ressort de l’analyse des archives du service central hydrométrique du bassin de la Seine crée par BELGRAND en 1854, des archives départementales ou du Centre d’archives contemporaines de Fontainebleau deux éléments importants : 1/ D’autres événements ont égalé ou supplanté parfois largement cette référence. Nos recherches nous ont en effet permis d’exhumer vallées par vallées des événements plus importants sur la Marne amont (Octobre 1840, novembre 1944), moyenne (novembre 1924) et aval (mars 1784), l’Yonne amont (mai 1836, septembre 1866), la haute et moyenne Seine (mai 1836) et sur de très nombreux affluents de ces grands axes : Grand Morin, Armancon, Saulx, Ornain, etc.). 2/ Certaines de ces crues paroxystiques sont hivernales, mais nous avons été interpellés par la saison à laquelle se sont déroulés la majorité de ces événements. En effet, il est largement admis par la communauté scientifique et les pouvoirs publics que les grandes crues de la Seine se déroulent entre décembre et mars (on dispose depuis 1650 environ d’une série chronologique continue des crues de la Seine à Paris, Cf. Belgrand, Pardé, Babinet, Goubet, etc.) puisque le couvert végétal et l’évaporation notamment empêchent généralement la survenue de grandes crues aux périodes estivales. Or, les crues dont nous apportons le détail ont eu lieu à des périodes dites «chaudes » (mai-novembre). L’analyse des crues qui se sont déroulées aux mêmes époques en d’autres bassins voisins témoigne de facteurs pluviométriques générateurs communs, souvent mixtes océaniques et méditerranéens. Certes, les crues que nous mettons en avant n’ont pas affectées l’ensemble du bassin de la Seine et donc pas l’agglomération parisienne de façon désastreuse, c’est peut être d’ailleurs pour cela qu’elles passent le plus souvent inaperçues. Cependant, il ressort que localement leurs impacts dommageables ont été largement plus importants, que les précipitations génératrices apparaissent comme des records et que leur vitesse de propagation a réservé bien des surprises aux services d’annonce des crues de l’époque, ce qui les a d’ailleurs parfois entraînés à revoir leurs formules d’annonce des crues. Malgré les incertitudes concernant les débits de certains de ces événements (dont la majorité a tout de même été jaugée ou calculée par des services compétents), ils ont représenté localement des références, puisque l’analyse des archives montre que leur souvenir s’est transmis de façon continue dans les services de l’Etat jusque dans les années 1960-70. Cependant, à partir de cette date, une rupture est sans doute intervenue puisque leur évocation s’est rapidement estompée et que les pouvoirs publics ne les utilisent plus forcément. La focalisation sur la crue de janvier 1910 masque ainsi une réalité, la survenue de crues supérieures (mais moins étendues), différentes dans leur propagation et à d’autres saisons. Nous serions avisés de les prendre en considération à l’heure de «l’évaluation préliminaire du risque » réalisée actuellement dans le cadre de la directive inondations 2007/ 60/ CE et de celui de l’évaluation des changements climatiques sur l’hydrologie du bassin de la Seine.

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