Du projet politique au projet syndical : Le Syndicat des avocats de France (1973-1981)

Résumé En Fr

The judicial left, initiated in the early 1970s, is often a priori seen, because not analysed, as the work of young activists of the extreme left who, while beginning the mourning of their youth ideals, penetrate into the professional world. The creation of the SAF, in 1973, forces to break with this uniform point of view. This article is interested in the first two generations of the SAF: the communist founders and the lawyers of extreme left subscribing in the second half of the 1970s. Having brought to light the tensions between these generations of cause lawyers in the memberships and/or the diverse partisan orientations, the article shows how the daily coexistence in the profession and in the union in phase of establishment contributes to limit the intergenerational tensions. It puts making it relief the weight of the sociability and the professional constraints daily as the institutional politics in the dynamics of the intergenerational relations within a union.

La « gauche judiciaire » initiée dans les années 1970 est bien souvent perçue a priori, car non analysée, comme l’œuvre de jeunes militants de l’extrême gauche qui, tout en débutant le deuil de leurs idéaux de jeunesse, pénètrent le monde professionnel. La création du Syndicat des avocats de France (SAF) en 1973 par des avocats communistes membres des cellules du Palais de Paris et de région parisienne oblige à rompre avec cette vision uniforme. Cet article s’intéresse aux deux premières générations du SAF : les fondateurs communistes et les avocats issus de l’extrême gauche adhérant dans la seconde moitié des années 1970. Après avoir mis en évidence les tensions entre ces générations d’avocats-militants aux affiliations et/ou orientations partisanes diverses, l’article montre comment la coexistence quotidienne dans la profession et dans le syndicat en phase d’établissement contribue à atténuer les tensions intergénérationnelles. Il met ce faisant en relief le poids des sociabilités et des contraintes professionnelles quotidiennes comme de la politique institutionnelle dans la dynamique des relations intergénérationnelles au sein d’un syndicat.