Le transhumain à l'aune du surhumain, quand les contempteurs du corps avancent masqués

Résumé 0

« Tout grand problème est un symptôme », écrivait Nietzsche dans ce qui serait publié plus tard sous le nom de Fragments posthumes. Pour qui donc veut se faire « médecin de la culture » et comprendre les individus qui en sont les producteurs autant que le produit, il s’agit de repérer ces « grands problèmes », de les ausculter, d’en faire sens. Nous prétendons que le transhumanisme est l’un de ces grands problèmes : non pas en tant que courant de pensée bien défini, mais comme horizon diffus, omniprésent dans notre imaginaire aussi bien que dans nos pratiques quotidiennes. Qui n’a jamais pensé – ne serait-ce que confusément – que la science et la technologie parviendraient un jour à guérir toutes les maladies ? Qu’elles nous augmenteraient, nous rendraient meilleurs, plus forts, plus intelligents… plus qu’humains ? Mais, et c’est ici que commence notre diagnostic : que signifie un tel présupposé, une telle croyance ? Pourquoi s’installe-t-elle aujourd’hui dans nos vies, de quelle faiblesse – ou de quelle force, cela reste à déterminer – est-elle le produit ? Nous choisissons, pour répondre à cette question, de faire usage du « marteau » généalogique – outil analytique nietzschéen par excellence. Ce diagnostic devra nous permettre de formuler une évaluation du transhumanisme : contribue-t-il – par ses pratiques autant que par son discours – à rendre l’homme plus heureux, plus fort, plus capable de vivre ? Ou est-il au contraire un « narcotique », un « poison »… une forme de nihilisme ?