2018
Cairn
Rob Gallagher et al., « Générer l’euphorie en ligne : l’esthétique de la culture ASMR », Audimat, ID : 10670/1.856pl1
Les vidéos ASMR décollent le mince papier peint de nos certitudes du triste mur de la vérité absolue. Ces séances de fétichisme sonore (et relationnel) aux vertus relaxantes, que l’on trouve en masse sur YouTube, bousculent voluptueusement notre perception des frontières entre la musique et le reste du monde audio, qui souvent la déborde. Elles réactivent notre rapport aux supposés effets thérapeutiques du son, aux images vidéo, aux jeux de rôles, aux objets, aux bases de données. Rob Gallagher, jeune chercheur britannique passionné par la portée des techniques vocales, a décidé d’analyser ces pratiques ésotériques, parfois érotiques, et qui en laissent certains franchement sceptiques. Qu’ont-elles à voir avec la musique, ou du moins avec l’expérience et les propriétés de la musique ? D’un certain point de vue, l’ASMR serait le plaisir d’éprouver la texture sonore, jusqu’ici souvent réservé aux esthètes de la musique concrète, de la techno et du sound design, qui se déploierait désormais vers un nouveau monde de sensations accessibles au plus grand nombre. Mais d’un autre point de vue, l’ASMR signerait la fin de l’écoute, remplacée par une mécanique des « déclencheurs » (triggers) qui rappelle à la fois la muzak, les panoplies de gadgets pour thérapie personnelle, les playlists « Humeurs » sur Spotify. Alors appuyons ensemble sur le bouton « perplexité » et voyons ce qui se passe.