29 novembre 2023
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Lia Vermot et al., « Évolution, occupation et exploitation d’une zone humide, approche paléoenvironnementale des marais du Grand-Plan et de la Besseye (Isère) entre l’âge du Fer et la fin de l’Antiquité », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.34692/he54-sv96
L’occupation du site du Vernai (Isère) apparaît longue et continue, avec des indices d’occupation dès le Bronze moyen/final. Puis plusieurs occupations aristocratiques se succèdent de La Tène jusqu’à la fin du Moyen Age sur une butte alluviale au centre d’une large cuvette marécageuse avec notamment une importante villa gallo-romaine. L’implantation de ce domaine agricole dans un terroir a priori contraignant a posé question. Des études géoarchéologiques ont d’abord été menées sur le marais du Grand-Plan, dans lequel s’inscrit la villa, et le Girondan il y a une vingtaine d’année, pour y restituer les activités et aménagements anthropiques, leurs impacts sur ces milieux, et également pour comprendre les évolutions hydro-climatiques et paléoenvironnementales (Berger et al., 2003 ; Royet et al.,2006). Dans le marais, des paléosols hydromorphes et plusieurs réseaux de fossés parcellaires et drainants ont été recoupés par des tranchées mécaniques qui, grâce à une approche chrono-stratigraphique, ont permis de proposer des corrélations entre le phasage des évolutions du site et des réseaux hydrauliques. Un nouveau projet intégrant le marais voisin de la Besseye a débuté en 2021. Il repose sur un protocole multi-indicateurs intégrant plusieurs outils de caractérisation des sols et de leurs usages (géochimie par fluorescence X, susceptibilité magnétique, LOI, granulométrie laser). Il combine des analyses paysagères régressives (photographies aériennes, cartes et cadastres anciens, LiDAR) associées à des recoupements des linéaments fossiles sur le terrain. Des analyses paléoécologiques complètent la restitution des paléo-milieux et des activités agro-pastorales (palynologie, carpologie, biomarqueurs). Les colmatages des fossés indiquent une alternance de phases de stabilité paysagère, et de phases avec des flux hydro-sédimentaires plus importants (pluies importantes, événements torrentiels), ainsi qu’une volonté d’adaptation face aux crises hydro-sédimentaires. Il a été démontré l’existence de plusieurs phases de drainage principalement en lien avec la villa gallo-romaine du Vernai, dès son installation (40/30 BC). Ces réseaux sont abandonnés à la fin de l’Antiquité et scellés par un paléosol humifère témoignant d’une stabilité pluriséculaire (VIIe – Xe s.), horizon de référence observé dans toute la dépression et également à l’échelle régionale (Berger, 2001). L’analyse des unités pédo-sédimentaires a livré des indices de l’utilisation principalement comme prairies, associées à des cultures (céréales, chanvre, vignes, …), de pratiques du défrichement et nettoyage par le feu (charbons), et de l’enrichissement des sols (phosphore). Cette étude, étroitement liée aux recherches archéologiques, a ainsi apporté des précisions sur les évolutions des marais, le fonctionnement et les impacts environnementaux de ce domaine agricole.