Histoire de l'homme et du loup dans le département des Alpes-Maritimes (France)

Résumé Fr

En fonction des époques et des contextes historiques, l'image que l'homme a du loup a fluctué mais, haï ou déifié, une constante demeure : il a de tout temps été un sujet de fascination.Peu d'animaux sont aussi connus, au moins de nom, que le loup. On le retrouve dans les traditions orales des chamans indiens ou sibériens, les anciens textes hébraïques, les mythologies grecques et romaines, le Nouveau Testament. Des siècles durant, il a cohabité avec l'homme sur un même territoire et les deux prédateurs se sont longtemps affrontés dans une lutte permanente et sans merci. Elle dura tant de siècles, qu'en France, plus peut-être que dans tous les autres pays d'Europe occidentale, elle devait imprégner notre culture, notre société, et frappant l'imaginaire collectif, conduire au mythe du Loup. Toutes les civilisations possèdent une figure équivalente : dans les légendes scandinaves, c'est l'ours qui tient le rôle du « méchant », en France, le loup, parce que Canis lupus était le plus grand prédateur sur le territoire. Très présent dans la vie quotidienne des sociétés traditionnelles, il n'a pas manqué de marquer fortement les mentalités. La langue elle-même offre une idée de la prégnance du loup dans notre univers culturel, comme en témoigne encore aujourd'hui la grande variété des expressions populaires françaises qui y font référence : « Avoir une faim de loup », « Hurler avec les loups », « Se jeter dans la gueule du loup », « Un jeune loup aux dents longues », « Faire entrer le loup dans la bergerie »… Ces expressions dans la langue française traduisent à elles seules la crainte et la haine envers cet animal.Parmi les raisons de cette hostilité et de la peur que le loup a suscitée, il faut mettre en premier les attaques du prédateur sur le bétail domestique, qui ont porté préjudice à de nombreux secteurs de l'économie, au-delà même de l'agriculture, jusqu'au XIXe s. Mais il ne faut pas occulter pour autant les attaques sur l'homme, qui ne tiennent pas de la légende, leur réalité a longtemps été * Membre de l'IPAAM. J'adresse mes remerciements à Claude Salicis, président de l'IPAAM, pour ses remarques et ses conseils. Mes remerciements vont également à toutes les personnes qui m'ont aidée dans ces travaux, notamment, Silène Petitbon, responsable animalière au Parc Alpha (Saint-Martin-Vésubie, 06), et Jean-Louis Fabre, berger.