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2018
- ISIDORE Id: 10670/1.867889...
- isbn: 979-10-231-0590-2
- hal: hal-05051154
- doi: 10.70551/YKVO5510
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Life--Philosophy Sens de la vie Philosophie de la vie Vie, Sens de la Vie (philosophie)Citer ce document
Pascal Debailly, « Satire anti-curiale et émergence du sujet par la négative », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.70551/YKVO5510
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Résumé
Les poètes satiriques des xvi e et xvii e siècles prennent principalement pour cible de leur indignation et de leur dérision la vie de cour, qu'il s'agisse de la cour du roi ou de celle d'un grand prince. La cour leur sert de microcosme, symbolisant plus généralement la vie urbaine, qu'ils opposent à la vie rustique, parée des perfections de l'Âge d'or. Horace et Juvénal fournissent les modèles de cette opposition cardinale. Favori de Mécène, Horace a le privilège de pouvoir lui répondre lorsqu'il demande : « Hora quota est ? », « Quelle heure est-il ? » Il n'en faut pas plus pour qu'on le croie dans le secret des dieux et qu'on essaie de lui soutirer des informations concernant son maître ou bien César Auguste 1 . Telle est sa vie de courtisan à Rome qu'il oppose avec humour et lyrisme au bonheur de vivre à la campagne dans son domaine de la Sabine : « Ô rus, quando ego te adspiciam quandoque licebit / Nunc veterum libris, nunc somno et inertibus horis / Ducere sollicitae jucunda oblivia vitae 2 ? » Il en va de même chez Juvénal qui met en balance, en des scènes saisissantes, la vie misérable des clients, contraints à la servitude et à la flatterie, avec la paix de son « humble demeure » (« humilis domus »), propice au repos et aux belles lectures 3 . La satire suppose un divorce, un mouvement de sécession et de retrait autant physique que psychologique.La cour est une réalité sociale et politique, mais aussi un fantasme, un imaginaire. Elle fait miroiter une vie plus intense, plus grandiose, plus magique, où les ambitions personnelles sont censées connaître une accélération, où, dans l'orbite du Prince, on approche le coeur du pouvoir et du sacré. Elle est également dotée d'une fonction normative dans le domaine des moeurs, des arts et du langage. Elle sert de référence pour définir la quintessence du savoirvivre, qu'il s'agisse du corteggiano de Castiglione ou de l'honnête homme tel que Boileau l'utilise comme critère discriminant pour stigmatiser la disconvenance.
