The Bataille socialiste, a left-wing faction within the Socialist Party SFIO (French Section of the International Wokmen's Association), 1921-1933 Une tendance du Parti socialiste SFIO, la Bataille socialiste, 1921-1933 En Fr

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20 janvier 1988

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Eric Nadaud, « Une tendance du Parti socialiste SFIO, la Bataille socialiste, 1921-1933 », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.87px99


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Résumé En Fr

La Bataille socialiste campaigned from 1927 to 1933 against the threatening dilution of socialism in the "bourgeois" parliamentary regime. Their history merges with that of the two sections making up the left wing - Zyromski's intransigent group and the group of Paul Faure, Secretary-General of the Party, less uncompromising towards the reformists. Although Zyromskists and Paulfaurists agreed to proclaim and defend the proletarian nature of socialism, they showed marked sociological and structural differences. The former, fervent voluntarists, were open to far more varied influences than the latter. For various reasons - youth, itinerary, offices, implantation, distribution of strongholds - they were also far less integrated in the Party. Being comparatively a fringe group they rose up as early as 1921 against a possible "cartel of the left" at elections or in the Parliament or gouvernment. Only after searching for an organization for several years - contributing first to L'Etincelle, the mouthpiece of the SFIO's far left, then to Correspondance socialiste, the paulfaurist organe - did Zyromski and his friends start the BS. Their movement developped in two plhases from January 1927 to November 1933. Until October 1929 they stood isolated, putting pressure on Secretary-General Paul Faure to win his support against collaborationism; but after, taking advantage of the paulfaurists' fears at right wing collaborationnistic manoeuvres, thier movement spread to the whole socialist Left. Reducing all debates to questions of discipline and participation for four years, they eventually got the reformist leaders expelled in late 1933.

Le Parti socialiste SFIO s’est longtemps distingué de ses homologues en Europe par son refus obstiné du pouvoir. Il a systématiquement décliné les offres de participation à des gouvernements « bourgeois » qui lui ont été présentées de la fin de la Grande Guerre jusqu’à 1936. Une telle dérobade peut étonner de la part d’un parti qui ne se voulait pas moins républicain que révolutionnaire, et dont la montée en puissance faisait une force de plus en plus indispensable pour la constitution d’une majorité de gauche et la stabilité de la République. Si cette exception socialiste française a été souvent imputée à Léon Blum, la thèse présente montre que c’est en réalité l’aile gauche de la SFIO qui en en a été la première source. Elle porte sur la Bataille socialiste (BS), l’une des tendances socialistes les plus influentes de l’entre-deux-guerres, dont elle analyse la gestation durant les années 1921-1926, identifie les particularités, et restitue le parcours, l’action et l’influence de 1927 à 1933, dans le cadre d’une étude approfondie combinant de multiples approches. L’histoire de ce groupement se confond avec celle des deux grands courants constitutifs de l’aile gauche de la SFIO, celui que mènent entre autres Jean Zyromski, Bracke-Desrousseaux, Amédée Dunois, Léo Lagrange, Marceau Pivert et Ludovic Zoretti, intransigeant, et celui, moins visible, qu’anime le Secrétariat général du parti, représenté par Paul Faure et son adjoint Jean-Baptiste Séverac, plus accommodant avec les réformistes. Si les zyromskistes, fondateurs de la BS, s’entendent avec les paulfauristes pour proclamer et défendre le caractère prolétarien du socialisme, ils ne s’en distinguent pas moins par des caractères idéologiques et structurels spécifiques. Très volontaristes, ils se nourrissent d’apports doctrinaux beaucoup plus variés. Par leur jeunesse, leur itinéraire, le niveau de leurs responsabilités, leur implantation et la répartition de leurs bases, ils sont également beaucoup moins intégrés au parti. C’est ce qui explique qu’ils se mobilisent les premiers, dès 1921, contre l’éventualité d’un cartel des gauches aux élections, au parlement et au gouvernement, et qu’ils en viennent à fonder la BS, après s’être rendu compte de la difficulté de tout regroupement durable tant avec l’extrême-gauche socialiste qu’avec les paulfauristes. Sur la question du pouvoir, qui reste jusqu’en 1933 la question dominante pour les socialistes, leur tendance cherche essentiellement à faire pression sur le Secrétariat général et les grandes fédérations qui le soutiennent, comme celle du Nord, pour les amener à se joindre à sa lutte contre le péril cartelliste. De 1927 à 1929, elle n’obtient sur ce plan que des résultats contrastés, et reste en partie isolée, avec le seul soutien d’environ un quart de la SFIO, car l’échec du cartel des gauches, évident aux yeux de tous après la formation d’une majorité d’union nationale autour de Poincaré en juillet 1926, semble écarter pour longtemps le risque d’une participation socialiste à l’exercice du pouvoir. Il faut la crise ouverte par les offres de collaboration gouvernementale que le radical Edouard Daladier présente aux socialistes fin octobre 1929 pour que la BS réussisse à s’élargir à l’ensemble de l’aile gauche et à devenir majoritaire, en exploitant l’inquiétude suscitée parmi les paulfauristes par les menées de l’aile droite bientôt dite « néo-socialiste » en faveur de la participation ministérielle. Pendant quatre ans, elle joue un rôle de premier plan dans l’échec des participationnistes, en réduisant tous les débats entre socialistes aux seules questions de la discipline et de la participation, avant d’obtenir, en novembre 1933, l’exclusion de leurs chefs et le départ d’une bonne partie de l’aile droite. Cette action commune contre le cartellisme n’empêche pas Zyromski et son courant de mener en parallèle un combat particulier pour la réalisation de l’unité ouvrière. La liquidation du danger cartelliste et cet activisme unitaire propre aux zyromskistes annoncent la mutation de la BS à partir de 1934 en une tendance révolutionnaire et unitaire réduite à ces derniers, et désormais en opposition aux paulfauristes, qui sera l’un des acteurs importants de la mobilisation des socialistes contre le fascisme intérieur et international et tentera de fixer la SFIO et le Front populaire sur un axe révolutionnaire dans les années 1934-1940. Cette recherche vient combler certaines des lacunes d’une historiographie du mouvement socialiste en manque d’auteurs et bien plus pauvre que celle du communisme pour les années 1921-1934, une historiographie qui s’est plus intéressée jusqu’ici à des aspects périphériques de ce mouvement qu’à la SFIO en elle-même, en tant que parti, au plan national. Elle met en lumière l’identité et l’histoire méconnue de la BS, mais va aussi au-delà, en se servant de ce groupement comme d’un observatoire pour une approche de la SFIO dans son ensemble. La BS se prête d’autant mieux à cet élargissement de la focale qu’elle est une tendance dominante, souvent majoritaire, et en interaction permanente avec son parti. L’ouvrage fait ressortir combien son rôle idéologique, politique et structurel est central. La BS est un facteur déterminant de l’orientation de la SFIO. Elle joue un rôle non négligeable dans la sclérose si souvent critiquée de la pensée socialiste de l’entre-deux-guerres. Elle anime puissamment la vie intérieure du parti, en mettant les militants sous tension par ses initiatives incessantes, en insufflant partout l’esprit de tendance, dans les débats comme dans les élections aux diverses fonctions d’encadrement, à tous les échelons, et en apportant de la sorte un élément de centralisation dans cette structure très décentralisée qu’est la SFIO. Elle concourt aussi par la mobilisation de ses partisans dans les fédérations à structurer une géographie de l’opinion des militants socialistes qui finit par opposer nettement, de congrès en congrès, un pays cartelliste et un autre, le sien, anticartelliste. Enfin, elle exerce également son influence au-delà de la SFIO elle-même, même si c’est à travers elle. La réussite de son entreprise de refus du pouvoir a un impact sur la gauche française, sur le système des partis français et sur la République elle-même. Elle est en partie responsable de la dégradation des relations entre la SFIO et le Parti radical, de l’impossibilité d’une union des gauches et donc de l’incapacité de la gauche non communiste à s’imposer durablement au pouvoir avant 1936. À ce titre, elle a contribué à la crise de la République parlementaire. Mais en même temps, la BS a favorisé un renouvellement de la gauche française, en permettant à la SFIO de se présenter devant les électeurs comme un parti vierge de toute compromission, respectueux de ses principes doctrinaux et capable de résister aux tentations du pouvoir en régime capitaliste, ce qui favorise sa victoire à la tête du Front populaire aux élections de 1936. Elle n’est pas étrangère non plus à la décrue du Parti communiste sur la période considérée, pour les mêmes raisons, puisqu’elle a privé de sens la propagande antisocialiste de ce dernier en maintenant la SFIO sur une ligne de classe.

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