5 octobre 2020
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Amélie Aubert Plard, « Regards croisés sur l’expérience prénatale : anthropologie de la santé reproductive et de l’action publique à El Alto (Bolivie) », Theses.fr, ID : 10670/1.883481...
En dépit des nombreux changements survenus depuis une trentaine d’années dans le secteur de la santé, la mortalité maternelle reste présentée comme un « problème de santé publique » par le gouvernement bolivien. Les dispositifs institutionnels (gratuité, interculturalité, transfert monétaire) mis en œuvre pour attirer les femmes enceintes et/ou en âge de procréer dans les établissements de santé publics n’ont pas généré les résultats escomptés. À partir d’une enquête ethnographique réalisée dans la ville andine de El Alto pendant plus de 19 mois entre 2013 et 2015, la thèse explore les raisons de ce relatif immobilisme en croisant les discours, représentations et pratiques de l’ensemble des acteurs impliqués pendant la période préconceptionnelle, la grossesse et l’accouchement. L’analyse met en regard deux approches : l’une depuis le déploiement de l’offre de soins, l’autre à partir du récit des femmes. Après avoir présenté la dimension relationnelle et organisationnelle de l’encadrement biomédical dans leurs contradictions, il s’agit de mettre au jour les jeux d’acteurs et les enjeux qui émanent de l’expérience quotidienne prénatale chez les parturientes : norme procréative, « problème » des grossesses adolescentes, planification familiale, avortement, métamorphose du corps, gestion des risques ou encore choix du lieu d’accouchement. C’est dans le jeu de miroir entre ces deux approches que se dévoile le faisceau de raisons contribuant à expliquer les impasses de la santé publique, ainsi que l’enchevêtrement des logiques à la fois sociales, culturelles et politiques à l’œuvre pendant la période prénatale en contexte urbain bolivien.