2014
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Pierre-Yves Manguin, « La nature informe des systèmes politiques de l’Asie du sud-est insulaire : centres restreints, périphéries étendues », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/moussons.2699
Cet article interroge l’épigraphie, les textes littéraires malais et les données archéologiques pour mieux comprendre le processus de structuration spatiale des anciens systèmes politiques de l’ouest de l’archipel, particulièrement Sriwijaya (viie-xiiie s.) et son successeur, le sultanat de Melaka (xve-xvie s.). Les représentations fournies par les Malais eux-mêmes de leurs systèmes politiques, dans différents genres littéraires, se réfèrent toutes aux centres et aux périphéries de leurs cités-états, comme aux déplacements de leurs flottes, conçues comme des métaphores du groupe social tout entier, illustrant ainsi visuellement les forces centripètes qui les structurent politiquement et économiquement. Les places centrales de ces cités-états portuaires sont des entités fortement chargées de valeurs symboliques liées au pouvoir politique, mais sont instables et mouvantes, sans implantation territoriale marquée, moins encore étendue dans l’espace. L’espace périphérique de ces systèmes politiques, en revanche, est un espace social élargi, en cercles concentriques, bien au-delà de la seule Asie du sud-est insulaire. Ces vastes périphéries sont constituées, dès le premier millénaire EC, non seulement de lieux d’échanges ou de commerce international (chacun commandant souvent sa propre périphérie), mais aussi de lieux religieux. Ce modèle confirme, s’il en était encore besoin, les liens intimes qui, en Asie du sud-est, unissent pouvoir politique, relations commerciales et religion.