26 octobre 2009
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Pierre-Yves Le Meur et al., « Les enjeux de la gouvernance locale des ressources marines en Nouvelle-Calédonie : contribution à la réflexion sur le foncier maritime à partir de deux études de cas », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.895f9f...
Le « foncier terrestre » fait depuis de nombreuses années l’objet d’une réflexion approfondie en Nouvelle-Calédonie, nourrie par les travaux de la recherche (cf. par exemple Bensa 1992, Naepels 1998, Le Meur 2009) et traduite en termes de politique publique par l’action de l’ADRAF Etat dans le cadre de la réforme foncière et par l’Accord de Nouméa (1998) et la Loi organique (1999). Le « lien à la terre » est devenu un acteur de la politique foncière et la notion de terre coutumière est venue unifier l’ensemble disparate, et renvoyant à différentes strates historiques, formé par les réserves et leurs agrandissements, les attributions claniques et les GDPL. Le « lien à la mer » n’a pas fait l’objet de la même attention, tant de la part de la recherche que des politiques publiques. Une raison à cela (pour ce qui est des politiques publiques) réside dans le caractère quasi intangible de la loi sur le Domaine public maritime qui laisse peu de place à des modes de gestion inspirés des pratiques et des normes locales. Or l’affirmation dans les discours kanak de la continuité des maîtrises territoriales « coutumières » qui vont « de la chaîne au récif » pose question, tout comme les demandes locales, parfois anciennes, de protection et de gestion locale de zones maritimes. Nous aborderons ces questions à partir d’études de cas sur les modes d'usage et de gestion des ressources marines à Borendy (commune de Thio) et à Oundjo (commune de Voh), mettant en lumière la pluralité des normes et des autorités qui règlent la question du "foncier marin" (au-delà du seul dualisme DPM/"droit coutumier"), dans un contexte de montée en puissance du dispositif environnementaliste (aires marines protégées, classement du lagon, codes provinciaux de l'environnement). L’analyse sera comparative. Les terrains de recherche sont situés dans les deux provinces de la Grande Terre (qui ont chacune développé un cadre légal et des orientations politiques et développementistes différentes) et dont la problématique environnementale/marine locale est d'autre part également différente (démarrage prochain d'aires marines protégées provinciales à Thio-Borendy, existence d'une "réserve coutumière" non reconnue légalement mais perçue localement comme légitime à Oundjo). Ces deux niveaux de différenciation renvoient à la question des jeux d'échelle entre tribu/district coutumier, commune, province et territoire qui viennent encore complexifier le pluralisme institutionnel et juridique qui imprègne à la fois les modes locaux de gestion de ressources et la production des politiques publiques.