Welcoming as an act of political opposition L'accueil comme acte d'opposition politique En Fr

Résumé En Fr

This presentation is about a work done in Briançon, on the French-Italian border, in September 2021, combining field philosophy and critical documentary photography. I conducted it, as a philosopher, with the photographer Philippe Bazin, whose work I will present this afternoon, as he unfortunately could not make it to join us. The work of philosophy in the field was based on interviews with inhabitants of the Briançonnais mountains. Following the influx of migrants into the mountains, they witnessed not only the disengagement of state, regional and municipal officials from their duty to welcome them, but also a veritable offensive of hostilities, resulting in both police violence and judicial persecution against people in migration situations. In such a way that the legitimate and civic practice of hospitality has itself become the object of this violence and persecution. The gesture of hospitality thus appears from now on, through the extension of State violence, as an authentic act of risky political opposition, which we ourselves, as researchers and artists, have witnessed on a daily basis. It is this necessary mutation of the gesture of welcome into a polemical act that we wish to interrogate here. For it presents the political powers of the neo-liberal hegemony not as simple disengagers (or disintegrators of the "Welfare State"), but as hostile actors of a murderous violence and of a latent social war, to which the only possible response is, at the very least, that of civil disobedience.

Cette présentation porte sur un travail fait à Briançon, à la frontière franco-italienne, en septembre 2021, associant philosophie de terrain et photographie documentaire critique. Je l'ai mené, comme philosophe, avec le photographe Philippe Bazin, dont je présenterai le travail cet après-midi, car il n'a malheureusement pas pu se libérer pour nous rejoindre. Le travail de philosophie de terrain s'est fait à partir d'entretiens menés avec des habitants des montagnes du briançonnais. Ceux-ci ont été témoins, à la suite de l'afflux des migrants dans la montagne, non seulement du désengagement des responsables étatiques, régionaux et municipaux à l'égard de leur devoir d'accueil, mais d'une véritable offensive d'hostilités, se traduisant à la fois par des violences policières et par des persécutions judiciaires contre les personnes en situation de migration. De telle sorte que la pratique légitime et citoyenne de l'accueil est devenue elle-même à son tour l'objet de ces violences et de ces persécutions. Le geste d'hospitalité apparaît ainsi désormais, par l'extension des violences d'État, comme un authentique acte d'opposition politique risqué, dont nous avons-nous-mêmes, comme chercheure et artiste, été témoins au quotidien. C'est cette mutation nécessaire du geste d'accueil en acte polémique, que nous souhaitons interroger ici. Car elle présente les pouvoirs politiques issus de l'hégémonie néolibérale non comme de simples fauteurs de désengagement (ou de désagrégation de l' « État-Providence »), mais comme les acteurs hostiles d'une violence meurtrière et d'une guerre sociale larvée, auxquels la seule réponse possible est, a minima, celle de la désobéissance civile.