1 février 2021
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Florence Jany-Catrice et al., « L’impact socio-économique des bibliothèques municipales. Genèse, méthodes, conflits », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.8a920f...
Fin 2017, la BPI contacte le Clersé pour travailler avec ce laboratoire de socio-économie sur la mesure d’impact des bibliothèques. Pour des chercheurs engagés depuis plusieurs années dans des travaux sur l’enjeu de l’évaluation des politiques publiques, accepter ce projet était l’occasion de pouvoir avoir accès à un nouveau terrain. Il s’agissait aussi1 de tenter de comprendre pourquoi des acteurs de services publics, s’emparaient de la sensible question de l’évaluation. Au-delà des aspects opératoires engagés par la commande, cette recherche est une nouvelle occasion de saisir l’État dans ses grandes transformations.Premier étonnement : les bibliothécaires comptent. Ils passent du temps à compter. Ils comptent tout : les inscrits, les passages quotidiens et hebdomadaires (des compteurs sont installés aux entrées de la plupart des bibliothèques municipales visitées2), le nombre d’emprunts par jour, par mois, par an, le type d’ouvrage emprunté par genre littéraire, le nombre d’emprunteurs rapporté à la taille de la commune, le nombre de mètres linéaires de périodiques en magasin etc.Dans ce volume inflationniste de données, deux indicateurs phare de l’activité ont été pendant longtemps le nombre de prêts et le nombre d’inscrits en bibliothèque. Les grandes mutations des bibliothèques durant toute la deuxième partie du XXe siècle - émanant tant de l’offre que de la demande- ont ébranlé les certitudes jusque-là bien installées, jetant le trouble sur la nature même des missions des bibliothèques municipales. Les questions relatives à la capacité des indicateurs à être des indices de représentation et d’interprétation de l’activité et de son efficacité (« on se demande vraiment pourquoi on compte et qu’est-ce qu’on compte » (membre du copil du projet, 15/11/2019)), n’est finalement que l’expression d’une interrogation plus fondamentale portant sur l’identité, la nature, et les finalités des bibliothèques.