2024
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Yan Brailowsky, « ‘Discretion fought with nature’ (1.1.5): eulogy and jointure in 'Hamlet' », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/11nje
Cet article étudie les aspects formels des discours inauguraux de Claudius dans Hamlet, qui imitent les sermons sur l’inévitabilité de la mort et la nature sacrée des liens patrilinéaires qui unissent les morts et les vivants. Il compare ces discours avec la notion selon laquelle son « état [est] disjoint et de guingois » (I.ii.20), qui rappelle les discussions du début de la période moderne sur la jointure, disposition légale permettant aux femmes de prendre possession des terres et des biens fonciers de leur défunt mari, dépossédant ainsi (momentanément) les héritiers naturels. Les discours de Claudius opposent donc le topos du cycle « naturel » de la vie et de la mort à la « discrétion » accordée à Gertrude en vertu de la loi, qui lui permet de déposséder symboliquement son fils en faveur d’un nouveau roi et mari. En faisant un piètre éloge de son « cher frère », Claudius ouvre la voie à sa propre brutale disparition à l’acte V, lorsque Hamlet dénonce la nature infâme de son « union » ou « mariage » avec Gertrude. À l'inverse, Hamlet parviendra à perpétuer sa propre mémoire suivant les règles de l’art rhétorique.