2008
Cairn
René Cagnat, « Les excès d'une reprise en main », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.8ax0to
Après une période agitée fin 2006, le président Bakiev a tenté d’asseoir son autorité et d’étendre son pouvoir, quitte à faire douter de la réalité de la démocratie kirghize. Il est parvenu à la fois à placer ses partisans aux postes stratégiques et à diviser l’opposition, finalement tellement affaiblie qu’elle n’a pu lui tenir tête. Malgré les fraudes évidentes, les élections législatives de décembre 2007 ont entériné la victoire du camp présidentiel, lui offrant un Parlement et un gouvernement à sa dévotion. Loin de ces jeux politiques, la population kirghize, elle, ne profite guère d’une embellie économique qui, pour être impressionnante (la croissance du PIB au cours du 1er semestre a atteint 9,2 %), n’en est pas moins liée à l’effet de rattrapage économique après des années d’atonie. Surtout, l’économie parallèle kirghize est florissante, constituant une concurrence déloyale pour le commerce légal et engloutissant les dividendes des bons résultats économiques. La population, elle, s’enfonce dans la pauvreté : la consommation de drogues et d’alcool est en augmentation, tandis que la situation sanitaire se dégrade. En 2007, la politique étrangère a été, comme auparavant, multivectorielle, avec la Russie, les Etats-Unis, la Chine ou le Kazakhstan. La présence des ressortissants chinois, toutefois, ne va pas sans poser problème, en raison de leur nombre croissant sur les marchés, les chantiers ou dans les usines. Globalement, les relations se sont améliorées avec ses voisins, y compris ouzbeks et tadjiks.