29 septembre 2023
Aurélie Olivesi, « Analyser le discours médiatique de genre: Volume 1 : Parcours de recherche. D'"implicitement sexiste ?" à explicitement (anti-)féministe ! Appréhender les dimensions politiques du discours médiatique de genre 2006-2023Volume 2 : Mémoire original. La "bataille du discours". Analyse du discours féministe de l'« ère Me Too » ; l'exemple des newsletters féministes d'information généraleVolume 3 : Recueil de publications », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.8bbt63
Parcours de recherche : Le mémoire synthétisant mon parcours de recherche a pour but de montrer en quoi l’analyse du discours médiatique permet d’appréhender les phénomènes sociaux, et notamment les questionnements liés au genre, par le biais de leur dimension discursive. Mon propos est de montrer en quoi les catégories d’analyse du discours médiatique et du genre s’éclairent mutuellement. Je me suis par ailleurs efforcée de m’adapter aux évolutions du contexte professionnel, social et humain dans mon engagement académique et dans ma pratique pédagogique.Ce retour sur mes travaux se structure de manière diachronique en deux grands volets : le premier observe la représentation du genre au sein d’un discours médiatique largement masculin ; il s’étend du début de la campagne présidentielle en 2006, jusqu’à la période 2010-2011, où se sont déroulées deux « affaires » liées à la représentation médiatique du genre, qui ont été pour moi un point de bascule : « l’affaire Caster Semenya » en 2010 et « l’affaire DSK » en 2011. Le second volet, prenant en compte l’année 2013 et les suivantes, s’attache à l’analyse des controverses politiques, notamment liées au genre, qui se déploient non seulement dans les médias traditionnels, mais également dans les espaces numériques. Mémoire original : Pour montrer que le renouvellement de la médiatisation des violences sexistes et sexuelles à la fin des années 2010 s’inscrit dans une période plus large que nous appelons l’« ère Me Too » et qui correspond à la mise en œuvre d’une « bataille du discours », nous avons choisi d’analyser le discours des newsletters féministes d'information générale (NFIG), qui fonctionne selon nous comme un idéal-type du discours féministe de l’« ère Me Too », entre 2015 et 2019. Nous avons divisé cette « bataille du discours » en deux « fronts » simultanés. Dans notre première partie, intitulée « le front de la politisation », nous définissons d’abord comment le féminisme se construit dans le partage d’expérience des autrices avec leurs lectrices, puis comment l’analyse du compte-rendu médiatique de l’Affaire Weinstein et de ses conséquences à l’automne 2017, souligne le risque d’un « retour de bâton » (« backlash ») en train de se structurer. Nous analysons enfin comment le discours des NFIG se constitue consciemment en opposition à un discours explicitement antiféministe, à travers l’identification des personnalités et des institutions qui le portent, mais également des thématiques qu’il véhicule.La deuxième partie de notre propos s’attache à décrire « le front du point de vue ». Ce point de vue ou regard féminin se constitue en premier lieu sur le plan langagier par la diffusion d’innovations lexicales. Il se structure en deuxième lieu par la mise en valeur d’un réseau de figures de références. Enfin il est amplifié sur le plan symbolique par la citation de formes sérielles (podcasts et séries), qui permettent de déconstruire les représentations, d’en construire de nouvelles et de les authentifier, au risque toutefois d’une certaine marginalisation.