Classe, race et autochtonie : tri institutionnel des « bons locataires » et ségrégation dans les cités HLM

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2022

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Pierre Gilbert, « Classe, race et autochtonie : tri institutionnel des « bons locataires » et ségrégation dans les cités HLM », Sociologie, ID : 10670/1.8bg0gh


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À partir d’une enquête sur les pratiques d’attribution de logement social dans une cité HLM, combinant archives, entretiens et statistiques, cet article s’intéresse aux catégorisations de classe et raciales qui guident les pratiques des agents de terrain et à leurs effets ségrégatifs. Il montre d’abord que ces pratiques sont à l’origine de discriminations pour les fractions précaires des classes populaires, pour les femmes seules avec enfants et pour des minorités racisées. En prêtant attention à l’échelle d’observation, il souligne surtout que les logiques de gestion locative, qui accordent une prime à l’insertion locale des locataires, peuvent conduire à transformer le handicap de certaines minorités racisées (d’origine maghrébine) en ressource pour accéder aux logements les plus valorisés dans l’espace local. Il suggère, ce faisant, que la racialisation des politiques de peuplement ne repose pas uniquement sur la mobilisation de schèmes culturalistes attribuant des comportements à certains groupes sociaux, mais qu’elle peut aussi renvoyer à d’autres logiques dans lesquelles l’assignation raciale, mêlée à une identification religieuse, est associée à une forme de respectabilité locale. En conférant un capital d’autochtonie aux fractions stables des classes populaires racisées, ces politiques de peuplement offrent ainsi des possibilités de promotion résidentielle locale. Pour autant, combinées aux mécanismes discriminatoires que décrit également la littérature sur le sujet, elles tendent aussi à renforcer la ségrégation raciale à l’échelle des agglomérations.

Based on a study of social housing allocation practices in a French housing estate, combining archives, interviews and statistics, this article looks at the class and racial categorisations that guide the practices of street level workers and their segregating effects. It first shows that these practices are a source of discrimination for the most precarious groups within the working class, namely for single women with children and for racialised minorities. By paying attention to the scale of observation, this article emphasises above all that rental management logics, which give a premium to the local integration of tenants, can lead to the transformation of certain racialised minorities’ disadvantage (particularly for those of North African origin) into a resource for accessing the most valued housing in the local space. In doing so, this paper suggests that the racialisation of housing policy is not only based on the mobilisation of culturalist schemes attributing behaviours to certain social groups, but that it can also refer to other logics in which racial assignment, mixed with religious identification, is associated with a form of local respectability. By conferring an indigenous capital on stable but racialised groups within the working class, these housing policies thus offer opportunities for residential upward mobility at a local level. However, combined with the discriminatory mechanisms also described in the literature, they also tend to reinforce racial segregation at level of the metropolis.

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