2020
Cairn
Bernard Ménager, « Quand les journaux du Nord faisaient de la résistance. La presse d’opposition dans le département du Nord sous le Second Empire », Revue du Nord, ID : 10670/1.8bjc71
Cet article analyse, d’une part, l’attitude des pouvoirs publics qui s’efforcent de contrôler la presse sous un régime autoritaire sans pour autant éliminer tous les organes d’opposition et, d’autre part, la réaction de celle-ci face aux contraintes qui lui sont imposées. Dans un premier temps, l’administration impériale a réussi à domestiquer les journaux demeurés indépendants du pouvoir grâce à diverses mesures de contraintes administratives et judiciaires, grâce aussi à des manœuvres financières pour s’assurer du contrôle de cette presse. Mais des failles sont apparues dans le système mis en place : modifications imprévues dans la propriété des journaux et de leurs équipes rédactionnelles, usure du système des avertissements officiels, évolutions imprévues de journaux autorisés par la suite dont on espérait une attitude plus gouvernementale. La presse d’opposition s’est enhardie, contestant selon ses organes la politique commerciale libre-échangiste, la politique extérieure jugée contraire aux intérêts de l’Église catholique ou à l’intérêt national. Tous les organes de presse n’ont cessé de réclamer le retour « des libertés nécessaires ». Cette presse a soutenu le plus souvent les candidats ne bénéficiant pas de l’investiture officielle lors des élections législatives ou locales. Malgré un tirage inférieur à la presse gouvernementale, ces journaux opposants ont joué un rôle important dans la vie politique locale qui préfigure l’âge d’or de la presse politique sous la Troisième République.