Représentations plurielles de la sorcière en Europe dans la seconde moitié du XIXe siècle (1860-1914) : analyse du processus d'élaboration d'un archétype féminin dans les arts graphiques et la littérature

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Nature féminine indomptable, la sorcière s'impose comme la figure incontestée du vice jusqu'en 1862, date à laquelle Jules Michelet lui offre une rédemption poétique flamboyante. Sous sa plume, elle devient l'égérie d'un éco-féminisme dont la naissance n'aura lieu qu'un siècle plus tard. Tour à tour Alcine séductrice, ogresse cannibale, amante du diable ou puissante magicienne, la sorcière s'impose dans l'imaginaire des écrivains, peintres, sculpteurs et dessinateurs de la seconde moitié du XIXe siècle, comme une figure pouvant revêtir des formes multiples. Dans un contexte socio-politique en effervescence, elle se fait alternativement la proie des angoisses masculines de son époque, l'héroïne affranchie de la vie domestique et la prêtresse d'une messe noire qui fascine les épris de sciences occultes. Cette étude entend explorer, entre autres, les oeuvres de Manuel Orazi, Adolf Münzer, Luc Olivier Merson, Lucien Levy-Dhurmer, Jean Veber, Albert Welti, Théophile-Alexandre Steinlen, Ivan Bilibine, Arthur Rackham, Ernest Jessop, Martin Van Maele, Marcel Lenoir, Eliphas Levy, Jules Bois, Eugène Grasset, Luis-Ricardo Falero, Armand Rassenfosse, Paul-Elie Ranson, Hermann Hendrich, Evelyne de Morgan et John William Waterhouse. A l'aune d'un regain d'intérêt certain pour cette figure féminine ambivalente, la présente étude propose de sonder les images et les mots qui ont forgé dans notre imaginaire collectif le portrait archétypal de la sorcière moderne.