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Eric Gailledrat et al., « Aleria-Palazzo 2024: Rapport intermédiaire de fouille programmée », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.8c3a48...
La campagne de fouille 2024 marque la deuxième année du programme triennal 2023-2025 consacré à l’étude de l’habitat et des fortifications préromaines d’Aleria antique.Les travaux portent sur quatre zones d’ampleur inégale localisées dans la partie méridionale du site et déjà partiellement explorées par Jean Jehasse entre les années 1970 et 1990.La zone 1 correspond à l’intérieur de l’amphithéâtre romain qui se superpose en partie aux fortifications d’époque hellénistique. Un sondage ouvert par J. Jehasse contre le parement interne du rempart à soubassement en grand appareil daté du IIIe s. av. J.-C. a été repris en 2021. Les fouilles anciennes n’ayant été ici que superficielles, une fouille en profondeur a été entreprise afin d’établir une séquence complète jusqu’au substrat. À la suite des observations effectuées en 2021 puis en 2023, qui nous renseignent sur les modalités d’implantation du rempart et sur l’existence d’un ouvrage plus ancien adoptant le même tracé, la campagne 2024 a permis d’appréhender des niveaux d’habitat bien stratifiés datables du IVe s. av. J.-C.La zone 2 correspond à l’espace extra muros situé à l’Est du rempart et de la tour d’angle d’époque hellénistique. Après l’ouverture d’un sondage en 2021 à l’aplomb du parement extérieur du rempart, les recherches initiées en 2023 ont porté à la fois sur des relevés d’architecture et sur l’extension d’un sondage ancien pratiqué contre la tour. La campagne de 2024, marquée par la fouille d’un témoin stratigraphique laissé en place par le fouilleur de l’époque, a été l’occasion de compléter les observations stratigraphiques réalisées de ce côté. La morphologie de la fortification, qui associe au IIIe s. av. J.-C. une levée de terre au rempart et à la tour venant d’être évoqués, est désormais bien documentée en dépit des lacunes résultant de la multiplicité des opérations naguère menées dans ce secteur. L’acquis principal des recherches récentes est la démonstration que le rempart de la première moitié du IIIe s. av. J.-C. (celui-là même que durent rencontrer les armées romaines au moment de la prise de la ville, en 259 av. J.-C.) a été édifié avec des blocs calcaires provenant du démantèlement partiel de la tour, dont la construction est – de fait – antérieure. Une autre phase d’épierrement, plus tardive (fin du IIe-début du Ier s. av. J.-C.) est liée quant à elle à un réaménagement des défenses de la ville, après un hiatus de plus d’un siècle.La zone 3 correspond à l’intérieur de la tour en grand appareil à bossages. Aux observations réalisées en 2021 au niveau du raccord entre cet ouvrage et les deux tronçons de courtine d’époque hellénistique (N-S et E-O), ont fait suite en 2023 un important travail de nettoyage et de recherche des limites de fouille anciennes, permettant de relever les stratigraphies visibles et d’amorcer un phasage des différentes architectures conservées. En 2024, la fouille a porté sur l’angle SE de l’édifice, dans un secteur également fouillé par J. Jehasse dans les années 1970. Ici, il a été possible de mettre en évidence le radier de fondation ainsi que la tranchée d’épierrement du mur de façade méridional, ce qui nous permet désormais de restituer les dimensions originelles de cette tour. Une incertitude demeure quant à la date exacte de sa construction, mais les éléments à disposition ne permettent pas de remonter plus haut que la transition IVe-IIIe s. av. J.-C.La zone 4 correspond au rempart à agger qui vient barrer la partie sud du plateau d’Aleria, à l’ouest d’une probable porte d’accès à la ville. Initiée en 2023, la fouille concerne un grand sondage ouvert par J. Jehasse dans les années 1980, sondage qui prend la forme d’une grande tranchée N-S recoupant l’entièreté de la fortification. Les résultats acquis montrent la complexité et la longue durée de fonctionnement de cet ouvrage, entre (au moins) l’extrême fin du VIe et la fin du IIIe s. av. J.-C. La fouille 2024 a permis de mettre en évidence des niveaux d’habitat accolés à la face interne de l’ouvrage daté de la fin du VIe s. av. J.-C., rapidement démantelés afin de procéder à un élargissement de la levée de terre. Elle laisse également entrevoir l’existence de séquences d’occupation plus anciennes, qui pourraient remonter au milieu de ce siècle.