Julien Farges, « L’esthétique, l’intuitif et l’empirique. La refonte husserlienne de l’esthétique transcendantale », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.8ck1hi
Cet article propose une contribution à l’étude des relations entre les philosophies transcendantales de Kant et de Husserl à partir de la question du statut de l’esthétique transcendantale. La redéfinition phénoménologique de l’esthétique transcendantale est reconstruite en considérant successivement l’articulation entre esthétique et analytique transcendantales puis entre esthétique et logique transcendantales. Le premier point de vue permet de montrer non seulement que l’esthétique transcendantale phénoménologique recouvre en réalité deux niveaux distincts d’analyse, mais que le second est le lieu d’une esthétisation de la catégorie kantienne de causalité, ce qui permet un rapprochement inédit de la pensée de Husserl avec la critique que Schopenhauer a développée de la philosophie kantienne. Le second point de vue montre que l’esthétique transcendantale a toujours été conçue par Husserl comme le premier moment d’une logique conçue d’abord comme « logique réale » devant fonder les sciences de la réalité, puis comme « logique du monde », c’est-à-dire comme logique transcendantale génétique, décrivant l’ « histoire » du monde dans la vie intentionnelle du sujet.