LA PART HUMAINE DU BÉTAIL AU MOZAMBIQUE : Pouvoirs, savoirs, leadership et noms discursifs du pasteur du coin

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Au Mozambique, même si la société contemporaine urbaine est de plus en plus numérique, lettrée et scripturale, la tradition orale de bouche à oreille occupe toujours une place centrale. En effet, l’élevage du bétail (de même que l’agriculture familiale et la pêche artisanale) reste l’activité nucléaire ancestrale de rente et de survie dans les communautés rurales s’imposant et s’exposant également comme un espace discursif affranchi à la portée des familles modestes pratiquant l’agriculture, l’élevage, la pêche, la chasse et l’artisanat. C’est justement à ce titre que le pasteur du coin, par le simple acte d’attribuer un nom discursif et messager à chaque bête, devient à la fois observateur, passeur, décrypteur, éducateur et réconciliateur rapprochant ainsi troupeaux bestiaux et troupeaux humains avec ses pouvoirs langagiers et ses savoirs autochtones que nous explorons sous le prisme de la sociolinguistique interactionnelle et de l’anthropologie du langage. Autant reconnaître que l’élevage du bétail est une école à ciel ouvert polyvalente, pragmatique et pédagogique formant au-delà de l’art pastoral, puisque l’enfant-pasteur apprenti est encadré par ses tuteurs aînés déjà pasteurs chevronnés lui faisant traverser toutes sortes de rudes épreuves extrêmes et secrètes avec discipline, courage, jeux langagiers complices, esprit ouvert et bonne foi pour qu’il devienne à son tour un serviteur justicier humanimaliste.

In Mozambique, even though contemporary urban society is increasingly digital, literate and scriptural, the oral tradition of word of mouth still occupies a central place. Within rural communities, the breeding of cattle (as well as family farming and artisanal fishing) remains the central and inherited activity for generating income and/or merely surviving. These activities impose and also expose a free discursive space within the reach of modest families practicing agriculture, breeding, fishing, hunting and crafts. It is precisely for this reason that the local pastor, by the simple act of attributing a discursive and message conveying name to each of his beasts, becomes at the same time an observer, a ferryman, a decipherer, an educator and a reconciler, one that brings together cattle herds and human herds through his linguistic powers and indigenous knowledge. We will explore this here through the prism of interactional sociolinguistics and the anthropology of language. This will make us understand that cattle breeding teaches one way more than pastoral techniques. It acts in fact as a sort of outdoor school that is far more versatile, pragmatic and educational in what it teaches. Under the supervision of already experienced pastors that act as his parenting tutors, the apprentice child-pastor is made to go through all sort of trials, some hard, extreme and secret, with discipline, courage, mastery of appropriate language games, open mind and good faith so that he, in turn, can become a humanimalistic servant of justice.

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