2005
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Gábor Sarbak, « La formation intellectuelle des Ermites de Saint-Paul en Hongrie à l’époque angevine », Publications de l'École Française de Rome (documents), ID : 10670/1.8f2726...
L’Ordre des ermites de Saint-Paul, fondé en Hongrie au XIIIe siècle sous le vocable du premier ermite, n’a pris ses caractères propres qu’à l’époque angevine ; ils perdureront jusqu’à l’occupation ottomane, connaissant une dernière période d’épanouissement au XVIIIe siècle (après les décrets de Joseph II dissolvant la plupart des ordres religieux). La principale source sur l’évolution de cet ordre à l’époque angevine est l’oeuvre du prieur général Grégoire Gyöngyösi, en particulier les Vitae fratrum rédigées dans les années 1520. On y voit la genèse de l’Ordre de Saint-Paul. L’apport des chartes diplomatiques et des comptes rendus de fouilles archéologiques est également très précieux. Ils témoignent en particulier des fondations nouvelles du XIVe siècle, signes de l’essor de l’ordre. Ces documents montrent que c’est sous les rois angevins que l’ordre se distingua clairement des autres congrégations. Son nom, sa règle (se référant à celle de saint Augustin), sa hiérarchie interne (avec un supérieur général élu et un chapitre) furent alors définitivement établis. Ils obtinrent aussi l’exemption par rapport aux évêques. L’approbation pontificale, tout comme le choix d’un habit monastique propre, contribua à donner son identité à ce nouvel ordre. Il connut une expansion rapide (notamment à Csestochowa, centre actuel de l’ordre). L’éducation des novices était bien organisée, à l’échelle de chaque vicariat. S’ils ne pouvaient exercer des fonctions d’écriture à usage public, les Ermites de Saint-Paul transcrivaient eux-mêmes les chartes dont ils étaient bénéficiaires, de manière périodique (comme l’indique le texte des Vitae). Le choix de la Règle augustinienne, la rédaction de règles propres supposaient aussi un travail intellectuel de la part des dirigeants de l’ordre. On est en droit de penser qu’un scriptorium fonctionnait dans le monastère Saint-Laurent près de Buda, de même que dans les centres des vicariats. En décrivant la vie des prieurs généraux de l’ordre, Grégoire Gyöngyösi n’évoque qu’une seule fois la science parmi les vertus de ces prieurs. L’évolution intellectuelle des paulins hongrois à l’époque angevine doit aussi être mise en relation avec un événement majeur pour cet ordre : le transfert des reliques de saint Paul l’ermite de Venise jusqu’à Buda en 1381. Un ermite hongrois anonyme a rapporté le déroulement de cette translatio et de l’officium correspondant, y compris les chants. C’est bien la preuve de l’importance de l’événement pour la conscience de l’ordre et de son rayonnement dans la société de l’époque.