16 décembre 2016
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Florence Traisnel, « L'INTER-DIT : UN JEU D'ADRESSES : quand écrivent pour la jeunesse à L'école des loisirs et pour les adultes aux Éditions de l'Olivier Christophe Honoré et Manuela Draeger et Olivier Adam, Geneviève Brisac, Agnès Desarthe, Marie Desplechin, Christian Lehmann, Maya Nahum, Christian Oster, Martin Page, Claude Ponti, Florence Seyvos, Valérie Zenatti... », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.8h5v3w
Le nombre d’auteurs contemporains qui écrit pour les adultes et pour les enfants va croissant, à tel point que la critique anglophone a forgé le terme de crosswriters pour les désigner. Ce travail se propose d’observer ces va-et-vient entre L’école des loisirs et les Éditions de l’Olivier de 1991 à 2011. Ces circulations répondent à d’importants enjeux éditoriaux et témoignent du rôle crucial des éditeurs dans l’accompagnement des écrivains. Cette thèse s’intéresse plus particulièrement à Christophe Honoré et Manuela Draeger (un des hétéronymes d’Antoine Volodine). Tous deux usent singulièrement du crosswriting puisque certains de leurs textes pour enfants et de leurs textes pour adultes se répondent au point qu’un inter-dit peut siéger dans le blanc qui sépare ces deux corpus. Ce phénomène d’intratextualité, adossé à un geste de polyadresse, remet en cause l’intransitivité supposée de la littérature car pour être décrypté, ce dit en suspens appelle un lecteur transgénérationnel. Cet inter-dit est le lieu où se jouent des transitions d’un âge vers un autre, des transmissions d’une génération à une autre... Mais c’est aussi le lieu de ce qui ne passe pas et vient trouer l’œuvre pour faire écho au trauma individuel ou collectif. Et si c’est toujours le texte pour adultes qui délègue au texte pour enfants ce qui ne peut être articulé dans une langue adultocentrée, ces transferts ne viennent jamais suturer la béance du dispositif intratextuel mais explorent en littérature jeunesse d’autres rapports à la langue et disent quelque chose de l’être de langage que nous sommes.