21 juin 2013
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Anne Torunczyk, « Représentations de l’écrit et image de soi : les obstacles à l’apprentissage. Un retour sur expérience », Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs, ID : 10670/1.8h79yn
À partir de ses observations et des paroles d’apprenants, l’auteure, formatrice auprès d’adultes très divers en difficulté avec la lecture et/ou l’écriture, analyse leurs représentations de l’écrit : celui-ci, pour certains d’entre eux, est conçu comme une série de mots-images, d’idéogrammes à mémoriser, il est muet par définition. Pour d’autres, la toute puissance de l’orthographe masque la nature phonétique de notre écriture : écrire apparaît comme un savoir inaccessible. Il y a pour tous un divorce total, dans leurs représentations, entre la parole, leur parole, et l’écrit, langue de l’école et des élites intellectuelles. L’école, qui ne permet pas à certains enfants d’arriver au terme de leur recherche et de leur réflexion sur l’écrit, les met dans une situation d’échec qui a des répercussions profondes sur l’image qu’ils ont d’eux-mêmes durant toute leur vie d’adulte. Cet échec est étroitement lié à une discrimination sociale sournoise qui s’effectue au travers de l’imposition d’une langue “légitime”, unique et immuable, celle de l’école et des élites, rejetant les locuteurs de parlers populaires dans l’humiliation et le sentiment d’impuissance. L’apprentissage implique une transformation profonde de toutes ces représentations, mais aussi un autre regard de la part des formateurs et des enseignants.