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Pascale Peyraga, « “La bella del mal amor” de María Teresa León et la dynamique de l’écart », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.8h8cjo
« La bella del mal amor », première des sept nouvelles du recueil éponyme de María Teresa León, La bella del mal amor, cuentos castellanos, publié en 1930, se pose comme la nouvelle emblématique de cet ensemble uni par un vecteur commun : la mise en parole de l’oppression de la femme dans la société castillane qui se manifeste par la frustration de ses aspirations et prend la forme d’un mal d’amour. Si María Teresa León fait de cette nouvelle le fer de lance de l’ensemble en lui donnant son titre, c’est avant tout sa complexité structurelle et sa particularité narrative qui soulignent sa prééminence. Seule nouvelle écrite à la première personne, et donc, la seule à présenter un amalgame entre les fonctions narrative et actantielle, « La bella del mal amor » est aussi la seule à proposer une double construction diégétique où diégèse et hypodiégèse s’entremêlent et s’enrichissent : l’histoire de « La bella del mal amor » que le « je » narratif, autodiégétique, reconstitue depuis son présent de narration, ne prend son sens qu’à travers le « Romance de la bella malmaridada » que la protagoniste demande à Tío Ugenio, conteur et transmetteur de l’héritage littéraire castillan, de narrer à l’assemblée réunie. En réalité, « La bella del mal amor » dépasse le récit de l’oppression de la femme par le mari, la famille, la société, pour s’ériger en problématique identitaire en jouant sur les processus de d’analogie, de dualité et de scission. En outre, la narration à la première personne développe un « fantasme d’autoengendrement » – selon un terme de Milagros Ezquerro – et met en scène, au-delà de la prise de conscience de la femme, de sa naissance symbolique, celle de l’écrivain.