2021
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Ninon Blond et al., « De la coupe au(x) paysage(s) : reconstitutions des changements environnementaux et paysagers depuis 8000 ans autour du site de Wakarida (Éthiopie) grâce à la chronostratigraphie », HAL-SHS : archéologie, ID : 10.1051/bsgf/2021041
Dans le Nord du Tigray (Éthiopie), la présence conjointe de remplissages sédimentaires de plusieurs mètres d’épaisseur dans les fonds de vallées et de vestiges archéologiques d’implantations humaines (habitat, campements) pose la question des processus socio-environnementaux à l’origine de ces dépôts et de leurs interactions avec les populations humaines. Cependant, dans certains contextes (nationaux, législatifs), il peut être difficile d’appliquer des techniques très avancées ou d’effectuer un grand nombre d’analyses. Cet article vise à montrer qu’une approche chronostratigraphique s’appuyant sur de la granulométrie laser, des analyses par perte au feu et des datations radiocarbones, apporte des réponses satisfaisantes aux principales questions géoarchéologiques. L’objectif est ici de reconstruire les changements paysagers et environnementaux de la région autour du site archéologique de Wakarida, en s’appuyant sur les dépôts sédimentaires de fonds de vallées. Ces dépôts sont aujourd’hui cultivés par les habitants grâce à la construction de terrasses agricoles, établies au XX e siècle. Les fouilles archéologiques ont mis au jour un peuplement urbain à Wakarida, datant des périodes axoumite classique (150–400/450 ap. J.-C.) et post-axoumite (800/850 ap. J.-C.), et des traces d’occupations archéologiques plus anciennes (périodes pré et proto-axoumites, 800–50 av. J.-C.) dans la zone d’étude. Ces vestiges interrogent le rôle joué par les sociétés sur leur environnement. Pour répondre à ces questions, une méthode basée sur une combinaison de travaux de terrain, d’analyses sédimentologiques et de datations a été utilisée. Cette étude chronostratigraphique repose en partie sur la mise en évidence d’inversions chronologiques, révélant des phases d’ablation et de dépôts dans les cascades sédimentaires, dont la prise en compte est nécessaire à la compréhension de l’évolution du site. Nous avons ainsi identifié plusieurs phases dans l’établissement des paysages actuels autour du site de Wakarida. Au cours du Northgrippien (Holocène ancien), les vallées ont été progressivement comblées par des processus alluviaux et/ou colluviaux de faible énergie. Pendant le Méghalayen (Holocène moyen), les processus d’ablation alternent avec les dépôts, conséquence des processus climatiques et d’éventuels processus d’origine anthropique. À partir du I er millénaire av. J.-C., l’impact de la population sur son environnement (déboisement) se traduit par des inversions chronologiques dans les dépôts, particulièrement autour des XIV e et XVII e siècles ap. J.-C.