Tourism, politics and space appropriation in transitional Myanmar. The case of Inle Lake region Tourisme, politique et appropriation de l'espace dans la Birmanie en transition: le cas de la région du Lac Inlé En Fr

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16 janvier 2020

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Martin Michalon, « Tourisme, politique et appropriation de l'espace dans la Birmanie en transition: le cas de la région du Lac Inlé », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.8l3t56


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Résumé En Fr

This thesis deals with the power relations that underpin the development of tourism in Inle Lake region, on the Shan plateau (Myanmar). This peripheral region is mainly populated by the Intha ethnic group, which leads an original amphibious lifestyle, and by hill-based Pa-O people. Since the 1990s, this region has been one of Myanmar’s tourism highlights. We show that in a country marked by fifty years of military dictatorship and a rocky democratic transition since 2011, and in a peripheral space structured by old rivalries between minorities, tourism is a key asset to support political and territorial claims.Within the centre/periphery dialectics, we emphasize the link between proactive tourism development in Inle Lake region and authoritarian integration of the restive margin. Such space capture is made through transportation infrastructure, migration patterns, domestic tourism, the play between state regulation of the sector and clientelist laissez-faire, or the imposition of a simplistic and depoliticized narrative about the region and its inhabitants. Moreover, local tourism development is mainly performed by cronies, powerful businessmen with cosy relations with the past and current politico-military elites. By connecting the region to national “crony capitalism” networks, by monopolizing the tourism resource through neo-colonial mechanisms, by seizing by force wide swathes of land in the name of tourism development and by imposing Burmese architecture patterns in Shan territory, they insert the periphery into the centre’s political and symbolic sphere of influence. Furthermore, the integration of Myanmar and Inle Lake region into tourism globalization has resulted in new stakeholders coming to the fore, with more financial means and competences, thus evicting the local entrepreneurs from the most lucrative markets. Meanwhile, the hasty economic opening of the country and ubiquitous money laundering strategies have triggered intense land speculation, leading to the dualization of tourism space, now dominated by outsiders. All those converging trends have contributed to the burmanisation of the Shan periphery. Within the periphery itself, tourism is a major political and territorial stake between the local ethnic minorities. In the 1990s-2000s, when Yangon regime outsourced the control of the region to the Pa-O National Organization pro-government militia, the latter used tourism zoning and hotel infrastructures to assert its authority over space. Intha did not have such military power, but a few charismatic leaders managed to tap the economic benefits of tourism to construct their local political influence, thence accommodating the political constraint from the inside. Since 2011 political transition, power games and stakes have changed: territorially weakened, the PNO now mobilizes community-based tourism to maintain its influence in the hills it used to control, while Intha use it to reinvest this vacant hegemonic space. Meanwhile, they leverage tourism representations, narratives and iconography to reformulate their collective identity: culturally very close to the majority Bamar ethnic group, they now stage their alterity, their “intha-ness” to benefit from the ethnicization of politics in post-dictatorial Myanmar and thence reassert their regional hegemony. The spatialized analysis of tourism therefore highlights the changes and tensions of contemporary Myanmar.

Cette thèse analyse les relations de pouvoir qui sous-tendent le développement du tourisme dans la région du lac Inlé, sur le plateau shan (Birmanie). Cet espace périphérique est principalement peuplé par l’ethnie intha, qui déploie sur ses eaux un mode de vie original, et par les Pa-O, qui occupent les collines. Depuis les années 1990, cet espace est l’une des principales destinations touristiques de Birmanie. Nous montrons que dans un pays marqué par cinquante ans de dictature militaire et une transition démocratique heurtée depuis 2011, et dans une région périphérique structurée par des rivalités anciennes entre minorités, le tourisme fait figure d’outil stratégique pour faire valoir des revendications politiques et territoriales. Dans une dialectique centre/périphérie, nous mettons en évidence le parallèle entre mise en tourisme volontariste du lac Inlé et intégration autoritaire de la marge rebelle. Cette capture de l’espace passe notamment par les infrastructures de transport, les réseaux migratoires, le tourisme domestique, le jeu entre régulation étatique du secteur touristique et laisser-faire clientéliste, la formulation d’un récit simplificateur et dépolitisé sur l’espace et les sociétés qui l’occupent. Par ailleurs, le développement local du tourisme est largement porté par les cronies, hommes d’affaires proches des élites politico-militaires d’hier et d’aujourd’hui. En insérant la région dans les réseaux du capitalisme de connivence birman, en accaparant les ressource selon des mécanismes néocoloniaux, en saisissant de manière autoritaire de vastes emprises foncières sous couvert de développement touristique et en déployant des formes architecturales birmanes en territoire shan, ils ramènent la périphérie dans l’orbite politique et symbolique du centre. Par ailleurs, l’intégration de la Birmanie et du lac Inlé dans la mondialisation touristique se traduit depuis 2011 par l’intervention de nouveaux acteurs économiques, aux moyens financiers et aux compétences techniques importantes : les pionniers locaux sont donc évincés des marchés touristiques les plus lucratifs. Dans le même temps, l’ouverture économique à marche forcée du pays et les stratégies de blanchiment d’argent ont généré une intense spéculation foncière, menant à une dualisation de l’espace touristique, désormais dominé par des acteurs extérieurs à la région. Toutes ces dynamiques croisées participent de la birmanisation de la marge shan.Au sein même de la périphérie, le tourisme constitue un enjeu politique et territorial majeur entre les minorités ethniques locales. Dans les années 1990-2000, lorsque le régime de Rangoun a sous-traité le contrôle du territoire local à la milice pro-gouvernementale de la Pa-O National Organization (PNO), cette dernière a utilisé le zonage touristique et les infrastructures hôtelières pour affirmer son autorité sur l’espace. Les Intha ne disposaient pas de cette force militaire, mais certains meneurs charismatiques ont su tirer profit des bénéfices économiques du tourisme pour construire une influence politique locale et retravailler la contrainte politique depuis l’intérieur. Depuis la transition politique de 2011, les rapports de force et les enjeux ont changé : la PNO, territorialement fragilisée, mobilise le tourisme communautaire pour maintenir son ancienne aire d’influence dans les collines, tandis que les Intha l’exploitent pour réinvestir cet espace hégémonique désormais vacant. Dans le même temps, ils s’appuient sur les représentations, les discours et l’iconographie touristique pour reformuler leur identité collective : culturellement très proches de l’ethnie majoritaire bamar, ils mettent désormais en scène leur altérité, leur « inthaïté » pour tirer profit de l’ethnicisation de la vie politique dans la Birmanie post-dictatoriale et ainsi réaffirmer leur hégémonie régionale. L’analyse spatialisée du tourisme sert donc de révélateur efficace des changements et des tensions de la Birmanie contemporaine.

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