2007
Cairn
Laurent Mucchielli et al., « Les émeutes de l'automne 2005 dans les banlieues françaises du point de vue des émeutiers », Revue internationale de psychosociologie, ID : 10670/1.8qivmu
Au mois de novembre 2005, la France a soudainement occupé les devants de la scène médiatique internationale. Les propos les plus catastrophistes et les plus dénués de fondements ont pu être entendus. Cela étant, il reste que ces émeutes sont inédites dans l’histoire de la France contemporaine : pour la première fois le phénomène n’est plus localisé, propre au quartier où un drame est survenu ; il a pris au contraire une dimension nationale. Comment expliquer ce phénomène ? Comment mettre en évidence et comment qualifier les processus d’identification collective qui ont fédéré une large partie de la jeunesse des quartiers populaires concernés ? Cet article interroge d’abord ceux qui d’ordinaire ne parlent pas, à savoir les émeutiers eux-mêmes. Apparaissent alors, au-delà du contexte de l’émeute, les ressorts profonds de leur colère, qui concernent leur expérience de vie quotidienne, tant individuelle que collective. L’analyse s’étend ensuite aux habitants des quartiers concernés, dont la plupart sont généralement tout aussi silencieux dans le débat public. Leur interrogation révèle une compréhension voire un partage de certains des ressorts profonds de la colère des émeutiers. Ceci explique en retour le sentiment de légitimité morale des émeutiers. En conclusion, cette étude diagnostique une double crise d’intégration, socio-économique et politique, de ces jeunes dans la société française actuelle.