Le testimonial, le légendaire, le biographique. Portraits de Jacques Bergier en espion-résistant et déporté

Résumé Fr

Lire les vies se fait ici à partir des résultats de deux programmes de recherche sur les médiations mémorielles où sont abordés les processus de qualification-requalification de lieux de détention, de concentration et de massacre, ainsi que les carrières testimoniales de personnes passées par ces lieux.Jacques Bergier (1912-1978) est connu comme auteur du Matin des magiciens. Introduction au réalisme fantastique (1960), écrit avec Louis Pauwels, et comme cofondateur de la revue Planète. On sait moins que, né à Odessa dans une famille juive émigrée en France, il a été résistant, arrêté et torturé par la Gestapo, déporté à la Neue Bremm (Sarre), puis à Mauthausen. Une expérience qui l’a traumatisé sa vie durant. Son séjour dans le camp sarrois, lieu du premier contact avec l’univers concentrationnaire, le marqua particulièrement. Dès son retour, il livre des témoignages par le biais de tiers et, plus tard, en écrivant lui-même. On y observe des modifications dans la prise en charge de la tension entre déportation pour faits de Résistance et survie à une entreprise génocidaire: témoignages ou récits se transforment et forment autant de régimes de véridiction périodisables. En l’occurrence, l’investigation porte sur une étape de la carrière testimoniale du personnage (1974), à la charnière de celle qui est fondée sur sa sortie de l’anonymat et de son statut de victime grâce à un livre à succès (1955) et de celle qui entérine la légende biographique qu’il a progressivement construite comme étant la vérité grâce à un livre au succès commercial limité (1977), mais à fort impact chez ceux qui retracent sa vie.