2022
Cairn
Yves Baudelle, « Annie Ernaux ou le désenchantement du monde », Littérature, ID : 10670/1.8sf26t
L’étude s’emploie à montrer que l’univers naturaliste d’ Écrire la vie et sa vision désenchantée du monde sont incompatibles avec le romanesque comme univers et comme registre. Fondée sur un pacte non fictionnel et une écriture de la consignation, l’œuvre se signale en effet par son hostilité de principe au romanesque, refusant toute transfiguration de l’expérience, a fortiori toute sublimation. Cependant, loin d’être une représentation objective de la vie, ce prosaïsme et cette désublimation radicale procèdent d’une stylisation négative et d’un choix esthétique, celui du noircissement. Aussi cette tonalisation, en tant qu’elle configure l’expérience – dans le sens de l’abjection –, est-elle en définitive une concession au romanesque, au plan de la composition.